Patrick Gauthier, Bébé Godzilla, Cy Record, 1981 réédité au Japon par Captain Trip en 2007


On retrouve Patrick Gauthier aussi bien aux côtés de Didier Lockwood, d'Aldo Romano, de Mano Solo, de Youssou N'Dour qu'au sein de groupe tel qu'Heldon, Weidorje ou Alien. Notons aussi que Gauthier tient les claviers dans le groupe Magma. En tant que leader il publie Bébé Godzilla en 1980 où bouillonnement et effervescence sont au rendez-vous.

Du Prophet 5 au mini moog, avec Benoît Widemann, Jean-Philippe Goude, Jean-Pierre Fouquey et Jean-François Gauthier, les claviéristes se taillent un belle tranche. Christian Vander, Aldo Romano et Kurt Rust se partagent la batterie. Plus d'une vingtaine de musiciens participent au projet. Les morceaux paraissent branchés sur une certaine science-fiction des années 70 où tout semblait alors possible aussi bien dans la création de nouveaux mondes que de nouvelles technologies. Une pulsation rock - parfois un peu bop - charpente le tout.



Bébé Godzilla, le premier titre, prend directement l'auditeur en main ; le clavier dont joue Patrick Gauthier fait penser au son de Zawinul. Le Grand-Maître Orient et son ouverture rock avec violon (Pierre Blanchard) donne envie de conduire une voiture de l'espace. Le duo Christian Vander (batterie) et Didier Batard (basse) occuperait la place du boîtier de vitesse. La promenade se ferait tout le long de la corniche avec passage sous les cocotiers puisque Gauthier y joue un peu de marimbas. Mixture Trautorium est un maelstrom de musique avec du clavecin... Richard Pinhas est au mini moog. Benoit et les Riverbopper est un genre de suite pour 3 mini moog, un prophet 5 et un piano électrique qui développe le thème sur une rythmique bop d'Aldo Romano (batterie), Alain Bellaïche (percussions) et Dominique Bertram. Heldon est une balade faussement tranquille sur une étrange planète avec végétation rampante et luxuriante peinte par les claviers de Gauthier, les percussions de Steve Shehan, la batterie de Kirt Rust et la basse ronflante de Bernard Paganotti ; s'ensuit Riding on White Horse un décor de percussions du monde entier pour une transition en douceur avec En passant par la Transylvanie où la batterie résolument rock de Clément Bailly et les tablas (Patricio Villaroel) propulsent l'orgue Hammond et la guitare qui, pour passer les cols, entrelacent différents sentiers qu'il fait bon suivre. Nör clôt Bébé Godzilla avec un riff entêtant.

On sort de là avec un étrange goût de carte postale un peu passée ; une de ces cartes postales posées sur le buffet de la cuisine, qu'on prend plaisir à observer sous tous les angles et qui délivre son flot de nostalgie... On espère que les japonais vont rééditer tout le catalogue du jazz rock de ces années là...