Quand on est une star on peut se permettre beaucoup de chose. Quand on s'appelle Nigel Kennedy, que l'on est une superstar du violon classique et que l'on s'entoure de pointures telles que Howard Alden (guitare), Rolf "die Kobra" Bussalb (guitare), Tomasz "Insomnia" Kupiec (contrebasse) et David Heath (flûte) on peut tenter pas mal d'aventures... comme celle d'enregistrer un disque avec des standards de Gershwin. Mieux encore, de les réarranger parce que le jazz permet cela avec une grande liberté.
La fusion du jazz et du classique prend de manière magistrale et élégante avec un son qui pourra rappeler les enregistrements discographiques des années 1930/1940 (avec les moyens de 2018). Les mélodies, l'intensité du jeu des musiciens, la rythmique, tout fonctionne. Pour l'occasion Nigel Kennedy se met aux claviers et au clavecin en plus du violon. L’esprit du swing manouche et de Stéphane Grappelli plane sur l'ensemble du disque. L'album recèle de nombreuses surprises. Un côté rock s'invite (écoutez cette guitare sur Time !) ce qui ne gâche rien à l'affaire. Que ce soit dans la tendresse, l'introspection ou la gouaille le verbe jammer prend ici tout son sens. Un swingue délicat et râpeux.
Emeric Cloche.
Kennedy meets Gershwin, Polydor Records 2018