Sidony Box, Rules & Interview



Ce trio est un dialogue entre trois musiciens qui proposent des voyages mouvementés

Le Free jazz, le rock, le jazz, le saxophone, le math rock, la batterie, le XXIème siècle, la guitare, l'électricité, le monde des idées, l'urgence... il y a sûrement plusieurs étapes qui mènent à ce genre de musique entre jazz et rock matiné de hard core façon année 90. Créé en 2009, Sidony Box signe là son troisième album et si vous n'êtes par allergique à Happy HappleSweet BackBattles ou encore Gâtechien et Kafka je ne saurais que trop vous conseiller de jeter les oreilles dans le chaudron de Rules qui sort ce 29 Janvier. De vastes étendues vous y attendent et ces étendues peuvent très bien être intimistes. En attendant de vous en parlez un peu plus je vous laisse avec l'interview...






Manu Adnot le guitariste de Sidony Box a répondu à quelques questions...

Sidony Box sort demain son troisième album, depuis 2009 vous fonctionnez en trio, que vous apporte ce type de formation ? 

Manu Adnot : Le jeu en trio nous permet d'avoir beaucoup de rapidité d'exécution, je pense que c'est ce qui nous a aussi permis d'avoir tout de suite un "son de groupe" bien à nous. Pour ma part, le fait de ne pas avoir de bassiste me force à explorer d'autres manières de penser la guitare, d'éviter les "clichés" de la position de guitariste. Cette facilité dans l'échange nous permet aussi d'avoir vraiment un tas de modes de jeu très différents. C'est vraiment ça qu'on a bossé depuis le premier album qui lui n'était quasiment constitué que de "morceaux", on est vite passé à des choses plus libres qui brisaient nos automatismes, nous permettant d'être le plus alerte possible et d'éviter les facilités d'écriture ou de système de jeu. 

Votre disque sera sûrement rangé dans la catégorie jazz mais lors de la première écoute de Rules, j'ai pensé free jazz, rock hard core des années 90 et math rock, d'où viennent vos influences musicales ? 

 Nous écoutons tous les trois des choses assez différentes et je ne pense pas que cela se retrouve forcément dans notre musique, en tout cas pas au sens purement stylistique. On peut dire que l'on s'accorde tous les trois sur une certaine notion de l'énergie, notamment sur le dernier album avec "Dark Wizard" ou "Rules", et aussi sur des formes plus aériennes et étirées à l'image d'"Ambre" ou "Gotham", tout ça autour de modes de jeu très improvisés. Nous aimons aussi l'idée de pouvoir brouiller les pistes : si on va jouer dans une esthétique proche des musiques extrêmes, en face on ne va pas s'empécher de jouer une Pop-song comme "Electric Love". Après, on ne va pas se mentir, on s'est tous les trois connus au conservatoire en classe de Jazz ce qui a dû initialement nous formaliser d'une certaine manière, bien que je pense que nous en sommes totalement sortis aujourd'hui. 

 Bon, je vais pouvoir quand même te citer quelques noms qui ont pu revenir souvent entre nous comme Sigur Rós, Michael Lewis, Brian Eno, Steve Lehman chez Elie, Animals as Leaders chez moi, et en ce moment c'est Bon Iver! 

Le disque est dense et travaillé tout en gardant un côté énergique, quasi punk, comment avez vous travaillé pour enregistrer cet album ? 

Je pense que c'est à la fois la synthèse comme je le disais plus haut de nos différentes "recherches" autour de différents modes de jeu, et aussi le résultat de plusieurs sessions de travail autour de septembre 2011. En studio on a beaucoup joué jusqu'à avoir la version la plus forte, notamment pour "Dark Wizard" et "Rules", mais on a aussi complètement improvisé certaines choses comme "Salsa" qui a été enregistrée juste une seule fois; le reste à été joué live comme d'habitude. Avec le recul, ça a été une expérience assez rude puisque nous étions cette fois-ci beaucoup plus exigeant entre nous; nous voulions un disque plus "grand" que "Pink Paradise", avec une texture plus sombre. 

Il faut aussi savoir que "Sidony Box Rules" est notre premier disque réalisé de manière "autonome", je veux dire par là que le précédent avait été enregistré après avoir gagné le tremplin de Jazz à Vienne. Pour celui-ci nous n'étions pas dans un circuit particulier, nous avons travaillé avec Stella Vander et Francis Linon qui sont nos producteurs via Ex-Tension (filiale de Seventh Records, le fameux label de Magma) sans être dans un système de "tremplin" ou de "jeune talent", ce qui, bien que nous ayons énormément appris des différentes expériences avec "Jazz Migration" et "Jazz à Vienne" qui ont été de véritables tremplins pour nous (nous n'en serions pas là sans ces dispositifs...), nous a vraiment permis d'être complètement "libre" autour de ce disque et attentif à sa conception. 

Je peux te dire aussi qu'il s'agit un peu de la fin d'un premier "parcours" pour le groupe, nous discutons beaucoup entre nous de ce que nous voulons faire musicalement et je pense que nous allons bientôt nous diriger vers de véritables nouvelles idées en termes de son. Mais pour l'instant, nous nous concentrons sur les concerts à venir pour vraiment défendre "Sidony Box Rules" comme il se doit!