Les compositions de Shai Maestro avancent comme des vagues lentes. Comme si tu étais assis sur un banc de sable un peu surélevé et que la mer petit à petit venait t'enserrer. Rien de flippant là-dedans, tu as pied partout, ou presque.
Écouter cet album te fait toujours le même effet. Des images de tableaux surréalistes t'envahissent, des tableaux connus et d'autres que tu te construis toi-même, tranquillement installé dans ton fauteuil.
Le voyage sur la route d'Ithaca est assurément déambulatoire et riche. Ce sont des plages contemplatives et romantiques qui te prennent par la main. Tu penses parfois au piano de Ernest Chausson, Erik Satie ou César Frank, tu entr'aperçois quelque chose de Thelonious Monk (pas dans la façon de jouer, mais dans la facilité que tu as à t'accorder immédiatement avec certaines mélodies).
Tu penses aussi à Avishai Cohen, c'est avec lui qui tu as découvert le pianiste Shai Maestro. Tu surveilles les dates de concert, et en attendant qu'ils passent dans ta ville (ou ton bout de campagne) tu prends la route dans ton fauteuil. Comme au cinéma ou en littérature.
Shai Maestro, The Road to Ithaca, Laborie Records, 2013.