Fred Frith, 2010. Photo: Heike Liss |
Je me souviens très bien de ma première rencontre discographique avec Fred Frith, c'était à Toulouse chez Harmonia Mundi, un Mardi, le jour où nous recevions les disques. C'était un Winter & Winter. Un beau CD noir cartonné avec une photo. La musique se déployait comme un road movie, un cinéma intérieur.
Fred Frith travaille actuellement à un nouveau disque qui sortira chez Tzadik en avril. Il a répondu à quelques questions...
Fred Frith travaille actuellement à un nouveau disque qui sortira chez Tzadik en avril. Il a répondu à quelques questions...
Fred Frith les 3 questions du Dj Duclock et un peu plus...
Peux-tu nous raconter ta première rencontre avec la guitare ?
C'était à l'école. Quelqu'un avait laissé trainer une vieille - plutôt cabossée - guitare acoustique, et après avoir étudié le violon depuis que j'avais 5 ans, j'ai découvert que je pouvais en jouer tout de suite. Fraîcheur et satisfaction instantanée ! Les cordes était plus loin du manche que sur le violon, il fallait plus de force pour appuyer dessus et puis apprendre à jouer sur cet instrument a vraiment renforcé mes doigts. Je suis très reconnaissant de ça !
Peux-tu nous raconter un moment musical qui t'a marqué, un moment fort ?
On m'a demandé de jouer pour un spectacle de danse à Cambridge en 1968. Le sujet était Hiroshima, et je devais jouer du violon pendant que ma nouvelle connaissance Tim Hodgkinson jouerait du sax alto. Nous n'avions jamais joué ensemble auparavant, et la musique n'a pas été préparée de toute façon, même si j'étais au courant du thème Threnody for the Victims of Hiroshima de Penderecki et que Tim avait écouté Ornette Coleman et Albert Ayler. Je ne peux pas expliquer ce qui s'est passé - ce fût une rencontre inoubliable, et rétrospectivement c'était comme si on avait "inventé" l'improvisation libre pour nous-mêmes, sans rien savoir de ce qui se passait dans des endroits comme Londres et Amsterdam. Peu de temps après, nous avons créé Henry Cow, et après plus de 40 ans je continue à voir Tim comme l'une des mes plus profondes influences et l'un de mes collègues les plus importants.
Que lis-tu en ce moment ?
Je lis un nouveau livre de poésie intitulé Walking Across a Field We Are Focused on This Time Now de Sara Wintz, et un magnifique roman appelé The Lacuna de Barbara Kingsolver.
Quelle musique écoutes-tu en ce moment ?
Que lis-tu en ce moment ?
Je lis un nouveau livre de poésie intitulé Walking Across a Field We Are Focused on This Time Now de Sara Wintz, et un magnifique roman appelé The Lacuna de Barbara Kingsolver.
Quelle musique écoutes-tu en ce moment ?
Dernièrement, j'ai passé beaucoup de temps à écouter les concerts Massacre pour sélectionner du matériau pour notre nouvel album Love Me Tender qui sera publié chez Tzadik en Avril. Maintenant que c'est fait, je commence à rattraper mon retard en musique de divers groupes formés d'anciens élèves - Jack of the Clock, Grex, The Science Fiction, Unnatural Ways et d'autres, de la musique vraiment fantastique... La baie de San Francisco est au top maintenant ! Et j'écoute aussi de la musique de Butch Morris, pour célébrer sa vie extraordinaire.
(Ndlt : Fred Frith est professeur de composition et d''improvisation à Mills College (Oakland) et à l'Akademie de Bâle en Suisse.)
Quelle est ta dernière surprise ? La dernière fois que tu as été surpris par quelque chose ?
Comme ornithologue amateur, je suis toujours surpris - je pars en randonnée pour observer les oiseaux deux ou trois fois par semaine, et je vois constamment des oiseaux que je ne m'attendais pas à voir, des oiseaux que je n'avais jamais vu auparavant à telle ou telle place. Et en tant que musicien je continue de trouver l'inattendu à chaque fois que je joue, c'est ce qui me motive. Tu penses que tu sais quelque chose ou que tu connais quelqu'un, tu penses que tu te connais toi-même, et en fait, il ya tellement à apprendre si tu es assez ouvert pour l'entendre.
L'interview de Fred Frith en Version Originale
Can you tell us about your first meeting with guitar?
It was at school. Someone left an old, rather battered, acoustic guitar lying around, and after having studied violin since I was 5, I discovered that I could actually play it right away. Instant coolness, instant satisfaction! The action was incredibly high, so learning to play on this instrument really strengthened my fingers—I’m very grateful for that!
Can you tell us your memory of a strong musical moment?
I was asked to play for a dance performance in Cambridge in 1968. The subject was Hiroshima, and I was to play violin while my new acquaintance Tim Hodgkinson would play alto sax. We’d never played together before, and the music was not prepared in any way, although I was aware of Penderecki’s Threnody for the Victims of Hiroshima and Tim had listened to Ornette Coleman and Albert Ayler. I can’t explain what happened – it was an unforgettable meeting, and it feels in retrospect as if we “invented” free improvisation for ourselves without knowing anything about what was going on in places like London and Amsterdam. Shortly afterwards we created Henry Cow, and I still view Tim as one of my deepest influences and most important colleagues, after more than 40 years.
What are you reading now?
I’m reading a new book of poetry called Walking Across a Field We Are Focused on This Time Now by Sara Wintz, and a wonderful novel calledThe Lacuna by Barbara Kingsolver.
What music are you listening at the moment?
I’ve spent a lot of time lately listening to Massacre concerts, selecting material for our new CD Love Me Tender, which will be released by Tzadik in April. Now that that’s done I’ve started catching up on some music by various bands that involve former students – Jack of the Clock, Grex, The Science Fiction, Unnatural Ways, and others, really fantastic music… The SF Bay Area is jumping right now! And I’m also listening to some music by Butch Morris, to celebrate his extraordinary life.
What is your last surprise, the last time you were surprised by something?
As a birdwatcher I’m always being surprised – I go on bird walks two or three times a week, and I’m constantly seeing birds I didn’t expect to see, birds that I’ve never seen before in this or that place. And as a player I still find the unexpected every time I perform, it’s what keeps me going. You think you know something or someone, you think you know yourself, and in fact there’s so much to learn if you are open enough to hear it.