Hubert Félix Thiéfaine, Chroniques bluesymentales, Sony, 1990


Je me souviens, quand Chroniques Bluesymentales a débarqué on a dit que c'était un bon Thiéfaine. Pas comme avant, mais bon. On trouvait juste qu'un automne à Tanger (antinoüs nostalgia) était un petit peu too much... puis cet automne nous a pris et on a calculé combien ça faisait 542 lunes et 7 jours environs. On pogotait doucement sur la deadline ; nous étions invincibles. Au fur et à mesure que je l'écoutais c'est devenu un très très bon Hubert Félix Thiéfaine qui m'a accompagné partout pendant quelques temps, un peu comme les chansons de Bob Dylan. Et je me rends compte que 15 ou 20 ans après, je connais toujours les paroles par cœur. Portrait de femme en 1922 qui enfile un peu trop les métaphores est peut-être un peu foiré... mais il y a les sept minutes nonchalantes de villes natales et frenchitude pour rattraper le coup.

L'album est enregistré à New York, le guitariste/arrangeur Claude Maigret n'est plus de la partie, le producteur aussi à changé. Tout ça se sent. C'est la troisième période de Thiéfaine. Pour faire vite la première est entre le folk et le rock déconnant : Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir (1978), Autorisation de délirer (1979), De l'amour de l'art ou du cochon? (1980) ; la deuxième est rock "ambiance Mairet" : Dernières Balises (avant mutations) (1981), Soleil Cherche Futur (1982), Alambic/Sortie Sud (1984), Météo für Nada (1986), Eros über Alles (1988) ; et là avec Chroniques Bluesymentales autre chose commence. Tous les musiciens présents sur l'album (dont le fils de Pharoah Sanders...) sont des pointures et Thiéfaine a pris soin de faire traduire tous les textes de l'album par un poète gallois, Meic Stevens, pour qu'ils sachent de quoi on cause. C'est l'Amérique, mais on est pas encore rendu aux très grosses guitares rocks de Fragments d'hébétude.

Hubert Felix Thiéfaine, Zoo Zumain Zébus