Bob Dylan, Together Through Life, Columbia, 2009


3 ans après Modern Times, Dylan sort son 46ème album. JeNotule est allée le quérir le jour de sa sortie pour que votre docteur des oreilles puisse vous faire part de ses impressions.

J'en suis à My Wife's Home Town, la troisième toune. Life Is Hard à première écoute est extra ordinaire ; comme dit Caroline alias JeNotule : "on dirait du Chet Baker, là". Et il y a de ça oui... de la tendresse et de l'effleurement à la Chet Baker, un filet de voix cassée sans effet et particulièrement touchant pour une romance qui tient la route malgré les dangers ! Et ce My Wife's Home Town... la musique là... de la bonne vieille Country Pie. Quelque chose de jazz et un accordéon, ces deux notes de If you ever go to Houston répétées à l'envie comme dans le So What de Miles Davis. L'électricité de Forgetful Heart, la grosse guitare qui ronfle et la voix cassée de Bob Dylan, c'est plus du nasilard, c'est du rauque et rêche avec l'accordéon de David Hildago qui étire tout ça comme un long fleuve tortueux. Le temps de décapsuler une petite bière et de passer à Jolene, un blues à la Muddy waters... This Dream of you avec son air de guinguette, nonchalante comme une péniche le long du canal et qui donne fissa envie d'aller se lire un Simenon. Shake Shake Mama qui s'en retourne au blues avec un leitmotiv guitare et une rythmique chaloupée. L'accordéon donne vraiment une touche aux morceaux de l'album, quelque chose à voir avec la période The Band et la maison rose, comme sur ce solo de guitare qui commence vers les 3'30 d' I Feel a change comin' on. L'album se termine sur un It's all good bluesy et hypnotique.

L'album égraine une musique populaire américaine, tranquille et à des bornes des effets tape à l'oeil que l'on trouve souvent dans le rock. Pour les paroles Dylan s'y est mis avec Robert Hunter. Ah et aussi, Jack Frost est à la production et on m'apprend à l'instant que Jack Frost serait Bob Dylan. Je retourne fissa m'écouter Life Is Hard et Forgetful Heart et puis The Dream of you... It's all good.

Bob Dylan, I feel a change comin' on





En plus du disque, du sticker pour mettre sur le frigo et du poster, le coffret forcément collector comprend :

Lost interview
avec Roy Silver en DVD, une interview de 15 minutes environ.



Roy Silver était le premier manager de Bob Dylan et il raconte les débuts du chanteur dans le milieu folk quand il déboule à Greenwich Village. Assis à son bureau, il raconte aussi la chanson Blowing in the wind dont on écoutera l'enregistrement de la démo sur un diaporama de photo d'époque. Puis il raconte comment Albert Grossman s'associe avec lui et comment il lui vend sa part du contrat pour 10 000 dollars. Roy Silver lit le premier couplet de la chanson et on sent que c'est plus que ça, plus qu'une chanson mainteant.



Tonight's Episode
Friends & Neighbors



Bob Dylan tient une émission sur le net Theme Time Radio Hour et dans le coffret Bob Dylan Through Life Together il y a le Tonight's Episode Friends & Neighbors, 14 titres avec des pointures comme Hank Williams, Howlin' Wolf et les Rolling Stones ou War, mais aussi Sister Rosetta Tharpe, Ronnie and the delinquents, Carole King... chaque morceau est introduit par Dylan. Des bons vieux blues aux bons vieux rock en passant par ces bons vieux jazz... Cette bonne vieille country musique dont Dylan demande ce qui lui est arrivé ? Des perles comme La valse de amitié de la Louisiane chantée par Doc Guirdy. Alors en allant se rafraîchir un peu grâce à une canette de Corona mise au frais on pense à La bouffe est chouette à Fatchakulla et à cette phrase de Duke Ellington qui disait en gros qu'il n'existait que deux styles de musique : la bonne musique et la mauvaise musique.


Leadbelly à l'accordéon

Gilles Verlant et Stéphane Koechlin, My Bob Dylan


Une histoire de Bob Dylan racontée en français de façon un peu trop speed - une esthétique assez désagréable proche du spot publicitaire - avec les commentaires de quelques célébrités dont celui de Françoise Hardy et traversée par des extraits de reprises de Don't think twice it's allright par Charlie Winston, I Want you par Elliott Murphy, Cauchemard psychomoteur par Hubert Félix et Paul Personne, All along the watchtower par Freese Louis et One More Cup Of Coffe par Joseph d'Anvers. Malheureusement le mixage des morceaux de musique - qu'on aimerait écouter en entier - est très en deça de la voix de Gilles Verlant qui court plus après le train qu'il ne raconte. Les Dylanophiles n'apprendront rien, mais la bio/discographie tient la route et permet de se rendre compte de l'influence de Bob et d'apprendre par exemple que Sanseverino écoute l'album Love & Theft (2001) en boucle, ce qui n'est pas si étonnant. Au passage, vous retrouverez des reprises de Dylan dans la séance radio du Dj Duclock n°3.




Et enfin un mot sur la jaquette de l'album - une photo de Bruce Davidson - qui avait déjà été utilisée pour illustrer un recueil de nouvelle Big Bad Love de Larry Brown, ce même Larry Brown dont Dylan dit avoir lu tous les livres.

PS : J'ai laissé passé la nuit sur tout ça, même que je me suis mis un concert d'Alexis Vassiliev et Katia Nemirovitch entre hier et aujourd'hui. Des interprétations piano à queue et haute-contre punky et surprenantes données à L'Embarcadère à Saint-Sébastien Sur Loire. Ce matin pour aller avec les 7 ou 10 cafés qui vont me réveiller j'ai directement rembrayé sur Life is hard, impossible de couper après My Wife's Home Town, ses trois notes de guitares et l'accordéon qui hante tout l'album... la voix cassée de Dylan et c'est tout l'album qui se déroule ; m'est avis que Together Through Life porte bien son nom.

A prescrire matin, midi et soir.