Jeff Konns, Jeff dans la position d'Adam, 1990
"Par son oeuvre Jeff Koons veut réduire les préjugés et équilibrer les contrastes charismatiques. Je crois effectivement qu'une utopie concrète était le fondement de la collaboration avec la Cicciolina. Lui seul, en tant qu'artiste pouvait s'approprier la "matérialité de la fiction" avec une star pornographique célèbre pour bien montrer que l'artiste ne fait rien d'autre qu'exprimer les images, les obsessions, les passions de tous les humains. Cicciolina était également importante pour lui parce que, outre son activité de comédienne, elle siège au parlement italien."
extrait de Jeff Koons de Angelika Muthesius, Taschen, 1992.
L'abandon de l'esthétique ?
« Comme Duchamp, Warhol abandonne l’esthétique, il quitte son métier de dessinateur, renonce à la patte, au savoir faire à la main, et se consacre à l’Art. Sphère qui se dissocie des questions de goût, de beau et d’unique. Les objets qu’il montrera seront banals, kitsch, de mauvais goût. Ce seront des objets de consommation courante : bouteille de Coca-cola, photo parues dans les journaux et ré-assemblées.»
« Comme Duchamp, Warhol abandonne l’esthétique, il quitte son métier de dessinateur, renonce à la patte, au savoir faire à la main, et se consacre à l’Art. Sphère qui se dissocie des questions de goût, de beau et d’unique. Les objets qu’il montrera seront banals, kitsch, de mauvais goût. Ce seront des objets de consommation courante : bouteille de Coca-cola, photo parues dans les journaux et ré-assemblées.»
Anne Cauquelin, L’Art Contemporain, PUF, 1er édition 1992, dernière édition 2010.
Ce sera une des pistes de recherche que l'on abordera prochainement sur Duclock, l'art contemporain, comme le dit Anne Cauquelin, a-t-il abandonné l'esthétique ? Pourquoi se nomme-t-il contemporain ? Qu'est-ce que cela veut dire ? A quoi joue-t-il ? De quoi cause-t-il ? Pour l'instant et pour procéder dans le désordre il m'a semblé, ce matin de bonne heure, que Jeff Koons était la continuité d'Andy Warhol.
S'il commence en partie à expérimenter alors qu'il travaille dans une agence de publicité américaine, Andy Warhol ne montre pas "les objets" (1) de la même façon que Jeff Koons. Si Warhol surfait sur le milieux du rock, Koons est plus dans celui des affaires... quoi qu'à l'époque de Warhol, il y avait beaucoup d'affaire dans le milieu du rock et qu'il savait très bien se placer question "communication" et publicité. Disons qu'avec Nico et le Velvet Underground, Grace Jones, Mick Jagger, Judy Garland, Warhol passe mieux que la Cicciolina et Pinault pour Koons, mais le système est le même. Jeff Koons a bien compris que l'artiste doit occuper le réseau qui fait l’art contemporain, qu'il faut prendre la place à l'aide de "coup médiatique" orchestré et relayé par la presse, être présent dans le plus d'endroit possible, ces endroits (musée, salle d'expositions, galeries, salons...) qui affirment "ceci est une œuvre d'art" et mettre dans sa poche les acheteurs qui font les cotes. Les affaires marchent assez bien pour monsieur Koons qui a vendu Balloon Flower (Magenta) aux enchère pour 12 921 250 £ (soit 16 343 000 € frais de vente compris) à Londres le 30 juin 2008.
Le lieux fait une grande partie de l'œuvre
Et il y a deux ans Jeff Koons exposait à Versailles avec Koons Versailles qui comprenait 17 œuvres de l'artiste prennent placées dans les appartements et les jardins du Château de Versailles du 10 septembre au 4 janvier 2009 (3). Il semble bien que l'endroit où l'art contemporain se montre est important car c'est cet endroit (rattaché à un réseau) qui lui permet de s'affirmer en tant qu'œuvre d'art, vu qu'il semble s'être détaché de l'esthétique... pour parfois ressembler à une blague.
Jeff Koons, Balloon Flower (magenta)
Le lieux fait une grande partie de l'œuvre
Et il y a deux ans Jeff Koons exposait à Versailles avec Koons Versailles qui comprenait 17 œuvres de l'artiste prennent placées dans les appartements et les jardins du Château de Versailles du 10 septembre au 4 janvier 2009 (3). Il semble bien que l'endroit où l'art contemporain se montre est important car c'est cet endroit (rattaché à un réseau) qui lui permet de s'affirmer en tant qu'œuvre d'art, vu qu'il semble s'être détaché de l'esthétique... pour parfois ressembler à une blague.
Le "Homard" de Jeff Koons au chateau de Versaille
Les objets ont gagnés
Ne nous penchons pas pour l'instant sur les réseaux qui font l'art contemporain, mais juste sur ce qu'il montre et bien souvent (même s'il semble que l'oeuvre n'est pas tant d'importance que cela dans le contemporain), ce sont des "objets", il est une marchandise qui montre des "marchandises". On retrouve là les objets de Tommaso Pincio, sûrement quelque chose à voir avec la marchandise dont parle Debord et qui a envahit le monde de l'art. Chez Pincio les objets ont gagnés et ils font maintenant partie de notre imaginaire et le construisent en partie (3). Dans Le Silence de l'Espace Pincio effectue tout un travail autour de Coca Cola. Musique...
Andy Wrhol, Bouteilles de Coca Cola
Alors un doute m'étreint, Warhol et Koons ont-ils vraiment abandonné l'esthétique ou reflètent-ils l'esthétique de leurs époques ? Chacun d'eux semblent être ambivalent sur ce point et la réponse est peut-être bien à étudier selon les œuvres et non pas selon les artistes et les hommes d'affaires.
Jeff Koons, Buste bourgeois, 1991
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(1). Qu'il s'agisse de la Cicciolina pour les série de Koons ou de Marylin pour celle de Warhol, le traitement est plus de l'ordre de l'objet que de l'humain, mais cela est sûrement fortement discutable, il y a un côté "marchandise" dans la répétition du sujet chez Warhol et dans la série Made In Heaven chez Koons.
(2). Voir Artension n°44 pour un compte rendu truculent de cette exposition.
(3). Voir L'Indic n°5 "Tommasio Pincio, mythes et objets" page 26.
(2). Voir Artension n°44 pour un compte rendu truculent de cette exposition.
(3). Voir L'Indic n°5 "Tommasio Pincio, mythes et objets" page 26.