"Après m'être mis au lit, je fus diverti par l'agréable sérénade d'un Noir installé près de mon auberge ; pour amuser ceux de sa race, il chantait et jouait sur un bangoe. Cet instrument ne supporte pas la comparaison avec la guitare, mais peut apporter beaucoup de plaisir à une oreille musicale."
Thomas Fairfax, Voyage de Virginia à Salem Massachusetts (1797).
Une histoire du Banjo (Outre Mesure, 2003) de Nicolas Bardinet nous fait voyager dans l'espace et dans le temps. Dans l'espace puisque les luths banjoïformes se retrouvent dans le monde entier. Dans le temps parce que la naissance de l'instrument telle qu'on le connait à l'heure actuelle a à voir avec la déportation des Africains vers le continent américain. Le banjo est en gestation dans les "bagages" des esclaves et va accompagner l'histoire de la musique des États-Unis d'Amérique depuis les champs de coton et avec les "minstrel" sorte de spectacles racistes et schizophrènes mélangeant musique africaine et morceaux traditionnels irlandais, véritable "braconnage culturel", où les blancs se griment en noir pour les singer et s'approprier mine de rien leur façon de jouer... Le banjo va envahir la musique populaire américaine. Nicolas Bardinet nous fait par de son érudition, d'un fourmillement d'anecdotes bienvenues qui servent parfaitement son propos, l'iconographie ravit l'œil et une riche bibliographie permet de continuer l'aventure. C'est un régal, celui de la connaissance. Une histoire du banjo est un ouvrage indispensable - et pas seulement parce qu'il est le seul ouvrage francophone à ce jour sur le banjo - à toute personne qui s'intéresse au banjo où à l'histoire des instruments de musique.
Otis Taylor, Run so hard when the sun went down tiré de l'album Recapturing the banjo (Telarc, 2008) dont nous ne serons pas sans reparler.
Otis Taylor, Run so hard when the sun went down tiré de l'album Recapturing the banjo (Telarc, 2008) dont nous ne serons pas sans reparler.