"Observez de quelle manière ce mec-là procède dans Hot House, en mai 45, au sein du All-Stars de Diz. Il donne l'impression de cabrioler : en fait il rampe. Quelqu'un a-t-il jamais joué quelque chose d'aussi insinuant, quelqu'un a-t-il jamais joué quelque chose de moins solaire que ces putains de trente deux mesures ? L'instrument fait la toupie, les idées font la roue, mais, ce qu'on vous raconte au moyen de toute cette pluie de confettis dorés, illuminant la nuit, ça vous arrive tel un murmure à l'oreille, tel un écho ruminant dans vos tripes, telle une prémonition de ce que vous entendrez au fond de la tombe. C'est une parole lente, et sombre, et douloureuse, et sans pitié, une parole qui, durant quelques minutes, vous arrache à votre vieille peau. Eh oui !... Pour un peu la belle vie vous pendait au nez... Il aurait suffi d'allonger le bras... Le paradis perdu, c'est la porte à côté. Il est un peu tard, mais qu'est-ce qui empêcherait d'aller voir par là-bas."
Alain Gerber, Miles, Fayard, 2007
Hot House, Dizzy Gillespie Quintette, 1945 - Guild 1003
Alain Gerber, Miles, Fayard, 2007
Hot House, Dizzy Gillespie Quintette, 1945 - Guild 1003