Thierry Crifo m’avait séduite avec la terrible noirceur de son propos, du milieu dans lequel il place ses personnages de paumés. C’était Paris Parias, la misère et l’exploitation. « En cabane, je n’avais pas rencontré Dieu, je n’avais pas passé une licence de droit, je n’étais pas devenu scénariste-écrivain, je n’étais pas devenu acteur à la sortie, avec ma sale gueule ; j’avais pas trouvé ma place, je n’étais pas à ma place, j’avais rien, j’étais rien, juste un assisté, un vieux-né (...) »
Dans La ballade de Kouski, encore une fois il nous place au plus près de ses personnages, et au coeur d’une ville pas très avenante. Grenoble déserte, étouffée par les montagnes, ses zones urbaines d’une tristesse à pleurer. C’est l’hiver, Timo Kouskensen l’ancien hockeyeur a une petite vie rangée, limite reclus. Il ne se cache pas, mais il reste loin des gens et d’un passé qui semble le tracasser. Sandra, une ancienne copine dont il a été un peu amoureux, débarque pour lui demander de l’aide. Victor, son mari et également meilleur ami de Kouski, a disparu. Le temps a passé, ces deux-là ne s’étaient pas parlé depuis longtemps mais quand même, Victor c’était le frère de sang. Kouski hésite un peu mais finit par partir à sa recherche. Direction Paris. Hôtels, boîtes de nuit, salles de jeu, tous les lieux nocturnes susceptibles d’être fréquentés par Victor. Cette ballade nous promène dans le passé d’un groupe d’amis, éparpillé par les évènements habituels de la vie. Au fur et à mesure du périple, on en apprend un peu plus. Les petites lâchetés, les trahisons, le drame et la souffrance. L’histoire personnelle de Kouski. Celle de Sandra. Thierry Crifo peint patiemment un ensemble que l’on observe. Après cette longue immersion, on se prend en pleine face l’issue poignante de cette histoire. L’auteur évite la sensiblerie, il nous campe un personnage principal loin du héros sans tâche. Comme tout le monde. Un qui peut-être, après cette ballade douloureuse, sortira de sa réclusion pour se remettre à vivre.
Après Messieurs Jody et Benotman, troisième et dernière partie des chouettes rencontres faites à Lamballe, voici donc quelques instants avec l'auteur de La ballade de Kouski. Première info : le roman vient d'être adapté en téléfilm pour France 2. A voir début 2009.
Thierry Crifo et les 3 questions du dj duclock
Je notule : Que lisez-vous en ce moment ?
Thierry Crifo : Je vais surprendre les gens : pas grand-chose, ou 300 livres qu’il faut que je lise. C’est-à-dire que je lis pas beaucoup, c’est un problème d’emploi du temps. J’ai du mal à gérer mon temps, dans ma vie professionnelle et ce que je suis moi, donc je vois beaucoup de films et voilà. Il faudrait que j’arrive à me bloquer 3-4 heures pour pouvoir lire un livre d’un coup. Et j’y arrive pas. Et là les deux livres qu’il faut que je lise, vous allez rire, je sais pas si ça va faire très polar, c’est la conversation entre Houellebecq et Bernard-Henri Lévy qui m’intéresse beaucoup, et le dernier livre de d’Ormesson, qui est un personnage qui me fascine. Mais sinon j’ai une cinquantaine de livres à gauche qu’il faut que je lise.
Je notule : Qu'écoutez-vous en ce moment ?
Thierry Crifo : Côté musique c’est très sixties, rock sixties, blues sixties, les Stones, les Beatles, les Who mais aussi je suis assez collectionneur des groupes pas connus des années 60 qui ont sorti un ou deux 45T et qu’on retrouve dans des compiles. Et puis très blues, et puis très compilations françaises années 60. Sauf que là récemment on m’a offert le dernier Abd El Malik que j’aime beaucoup et le dernier Vincent Delerm. Je sais que les gens n’aiment pas du tout Vincent Delerm, mes confrères du polar... et moi je trouve... bon, c’est pas une voix mais j’aime bien ses petites ritournelles, ses petites séquences, j’aime bien son écriture.
Je notule : Quelle est votre dernière surprise, la dernière fois que quelque chose vous a surpris ?
Thierry Crifo : J’ai pas de souvenirs comme ça... Si, y’a deux choses qui m’interpellent, m’exaspèrent. C’est le pouvoir qu’exercent les journalistes en enrobant ou en gonflant les actualités, les faits d’actualité et en ne faisant pas attention au choix des termes. Un petit exemple c’est l’histoire du violeur, entre guillemets, présumé, qui est sorti de taule parce qu’il y a eu un dysfonctionnement sur le truc du juge d’instruction. Dans les journaux le lendemain c’était violeur violeur violeur, en titre, comme s’il c’était agi de Michel Fourniret et en dessous y’avait le violeur présumé. Donc bon, on sait très bien qu’en mettant violeur en titre... voilà. Et après, violeur présumé. Et puis en fait il n’a pas été jugé encore, et c’est violences conjugales. Effectivement c’est à combattre mais... C’est le genre de chose qui m’énerve et me révolte. Et puis aussi ce que le gouvernement là a l’air d’essayer de faire, de gonfler ces pseudos terroristes qu’on a pris pour les histoires du caténaire et en faire des bande à Badeer et des Action Directe. Voilà, ça, le pouvoir qui exerce son pouvoir directement par le biais des médias, effectivement nous lecteurs on prend ça comme ça, en pleine gueule, et on a aucun moyen de contrôle, ça ça me révolte.
Thierry Crifo, La ballade de Kouski, Folio policier réédition 2003, 6 euros, 277p.
Dans La ballade de Kouski, encore une fois il nous place au plus près de ses personnages, et au coeur d’une ville pas très avenante. Grenoble déserte, étouffée par les montagnes, ses zones urbaines d’une tristesse à pleurer. C’est l’hiver, Timo Kouskensen l’ancien hockeyeur a une petite vie rangée, limite reclus. Il ne se cache pas, mais il reste loin des gens et d’un passé qui semble le tracasser. Sandra, une ancienne copine dont il a été un peu amoureux, débarque pour lui demander de l’aide. Victor, son mari et également meilleur ami de Kouski, a disparu. Le temps a passé, ces deux-là ne s’étaient pas parlé depuis longtemps mais quand même, Victor c’était le frère de sang. Kouski hésite un peu mais finit par partir à sa recherche. Direction Paris. Hôtels, boîtes de nuit, salles de jeu, tous les lieux nocturnes susceptibles d’être fréquentés par Victor. Cette ballade nous promène dans le passé d’un groupe d’amis, éparpillé par les évènements habituels de la vie. Au fur et à mesure du périple, on en apprend un peu plus. Les petites lâchetés, les trahisons, le drame et la souffrance. L’histoire personnelle de Kouski. Celle de Sandra. Thierry Crifo peint patiemment un ensemble que l’on observe. Après cette longue immersion, on se prend en pleine face l’issue poignante de cette histoire. L’auteur évite la sensiblerie, il nous campe un personnage principal loin du héros sans tâche. Comme tout le monde. Un qui peut-être, après cette ballade douloureuse, sortira de sa réclusion pour se remettre à vivre.
Après Messieurs Jody et Benotman, troisième et dernière partie des chouettes rencontres faites à Lamballe, voici donc quelques instants avec l'auteur de La ballade de Kouski. Première info : le roman vient d'être adapté en téléfilm pour France 2. A voir début 2009.
Thierry Crifo et les 3 questions du dj duclock
Je notule : Que lisez-vous en ce moment ?
Thierry Crifo : Je vais surprendre les gens : pas grand-chose, ou 300 livres qu’il faut que je lise. C’est-à-dire que je lis pas beaucoup, c’est un problème d’emploi du temps. J’ai du mal à gérer mon temps, dans ma vie professionnelle et ce que je suis moi, donc je vois beaucoup de films et voilà. Il faudrait que j’arrive à me bloquer 3-4 heures pour pouvoir lire un livre d’un coup. Et j’y arrive pas. Et là les deux livres qu’il faut que je lise, vous allez rire, je sais pas si ça va faire très polar, c’est la conversation entre Houellebecq et Bernard-Henri Lévy qui m’intéresse beaucoup, et le dernier livre de d’Ormesson, qui est un personnage qui me fascine. Mais sinon j’ai une cinquantaine de livres à gauche qu’il faut que je lise.
Je notule : Qu'écoutez-vous en ce moment ?
Thierry Crifo : Côté musique c’est très sixties, rock sixties, blues sixties, les Stones, les Beatles, les Who mais aussi je suis assez collectionneur des groupes pas connus des années 60 qui ont sorti un ou deux 45T et qu’on retrouve dans des compiles. Et puis très blues, et puis très compilations françaises années 60. Sauf que là récemment on m’a offert le dernier Abd El Malik que j’aime beaucoup et le dernier Vincent Delerm. Je sais que les gens n’aiment pas du tout Vincent Delerm, mes confrères du polar... et moi je trouve... bon, c’est pas une voix mais j’aime bien ses petites ritournelles, ses petites séquences, j’aime bien son écriture.
Je notule : Quelle est votre dernière surprise, la dernière fois que quelque chose vous a surpris ?
Thierry Crifo : J’ai pas de souvenirs comme ça... Si, y’a deux choses qui m’interpellent, m’exaspèrent. C’est le pouvoir qu’exercent les journalistes en enrobant ou en gonflant les actualités, les faits d’actualité et en ne faisant pas attention au choix des termes. Un petit exemple c’est l’histoire du violeur, entre guillemets, présumé, qui est sorti de taule parce qu’il y a eu un dysfonctionnement sur le truc du juge d’instruction. Dans les journaux le lendemain c’était violeur violeur violeur, en titre, comme s’il c’était agi de Michel Fourniret et en dessous y’avait le violeur présumé. Donc bon, on sait très bien qu’en mettant violeur en titre... voilà. Et après, violeur présumé. Et puis en fait il n’a pas été jugé encore, et c’est violences conjugales. Effectivement c’est à combattre mais... C’est le genre de chose qui m’énerve et me révolte. Et puis aussi ce que le gouvernement là a l’air d’essayer de faire, de gonfler ces pseudos terroristes qu’on a pris pour les histoires du caténaire et en faire des bande à Badeer et des Action Directe. Voilà, ça, le pouvoir qui exerce son pouvoir directement par le biais des médias, effectivement nous lecteurs on prend ça comme ça, en pleine gueule, et on a aucun moyen de contrôle, ça ça me révolte.
Thierry Crifo, La ballade de Kouski, Folio policier réédition 2003, 6 euros, 277p.