Rammstein, dance metal


Rammstein, un supplément de chantilly

Rammstein est un des groupes avec lesquels nous avons grandi et qui ont grandi avec nous. Comme pour Iron Maiden ou Metallica c'est souvent le jour de la sortie de l'album que nous nous procurons notre ration de musique.

Les clips Deutschland et Radio laissaient présager un album de belle facture, c'est le cas. Nous ne reviendrons pas sur les polémiques engendrées par les images du groupe (le journal Rock Hard consacre un dossier à Rammstein et à la provocation dans son n°198. Les paroles de Rammstein sont traduites dans plusieurs langues dont le français sur le site Rammstein World. Aller y jeter un coup d’œil permet de se rendre compte des thématiques abordées.  Pour cet opus on trouvera : le rapport à la nation, l'ancien régime communiste (ex-RDA), la religion et ses abus, le sexe et l'exotisme, du sexe encore, la peur du bonheur, la prostitution, l'objectivisation de l'être aimé, un peu de romantisme contemplatif, des tatouages, un homme étrange et une jeune fille.

 À l'image de la chanson Weit Weg la voix de Till Lindemann se fait plus claire, moins gutturale sur certains morceaux, et les claviers de Christian "Flake" Lorenz sont plus en avant. Le côté pop du groupe (Ausländer passera sûrement dans les clubs) est renforcé par des rythmiques plus proches de l'electro rock que du métal industriel (Radio possède un indéniable côté Kraftwerk). Les riffs de guitare ont subi une cure d'amaigrissement. Rammstein est moins marquant, moins martial que dans ses albums précédents, mais c'est aussi que nous avons pris l'habitude et la mesure de son style. Il émane de l'album une douceur froide déjà connue, mais elle se fait plus présente. Ce qui est nouveau c'est cette légèreté dans la musique - une légèreté moins grinçante que d'habitude - un soupçon de crème chantilly qui pourrait bien propulser le groupe encore plus loin au sein d'un public qui ne verse qu’occasionnellement les oreilles dans le métal. Et la bonne chantilly, tout le monde aime cela, non ?

Le métal est une musique de plus en plus vaste qui flirte parfois, et cela depuis ses débuts, avec la musique pop. On se dit qu'une tournée Ghost, Rammstein ferait le plein. L'allumette sur la pochette de l'album semble prête à allumer le prochain effet pyrotechnique ou la prochaine polémique, elle servira aussi pour celles et ceux qui hurleront au dynamitage du métal industriel (peut-être cela a-t-il déjà été fait lors de l'album précédent). Mais Rammstein, tout en restant sur son chemin bien balisé, se risque à quelques expériences : la voix de Till sur Puppe, le début de Was Ich Liebe qui ressemble au début de Schock du nouvel album de Tesla... le côté dansant du groupe se fait plus divers.

Quoi qu'il en soit avec ce nouvel album, l'allemand, l'une des plus belles langues du monde, est encore une fois à l'honneur dans le monde entier.