Straight, No Chaser de Thelonious Monk


Toute musique est codifiée et il n’y a pas plus de surprises dans un disque de Thelonious Monk que d’Iron Maiden. J’avais accepté de ne jamais rencontrer Monk autrement que par le truchement de l’industrie du disque ou de la littérature (Laurent de Wilde a commis un bon livre à son sujet).

Les codes agissent comme des chaussons qu’il fait bon mettre pour une promenade dans la maison. La métaphore marche aussi avec une paire de Doc et une promenade en milieu urbain. Straight, No Chaser se range dans le Bop (aussi appelé Bebop) où « le jeu du batteur se désarticule en ponctuations sur la caisse claire et la grosse caisse, tandis que les cymbales enveloppent ces brisures d’un constant bruissement, le maintien du tempo étant assuré par la grande cymbale. Renonçant à doubler la partie de contrebasse, le pianiste jette des accords, syncopés ou non et plutôt dissonants, pour relancer l’inspiration des solistes. Seul le bassiste continue d’assurer la rythmique...» (Dictionnaire du Jazz chez Robert Laffont / Collection Bouquins) et là-dessus chacun y va de son solo. L’illustration de la chose est particulièrement parlante sur le Green Chimneys que l’on peut entendre en bonus sur la réédition CD de 1996 de Straight, No Chaser (le cool jazz est tout de même passé par là et le train avance paisiblement).




Pour quelque chose de plus rapide sachez que sur le même album, Locomotive porte bien son nom. Pour les autres thèmes Monk est accompagné par son saxophoniste Charlie Rouse (chaud et pas tape à l’œil, il faudra qu'on parle de lui plus en détail), de Larry Gales (basse) et Ben Riley (batterie). Vous trouverez aussi sur l'album deux morceaux piano solo, une bonne entrée en matière dans l'univers de Monk. C'est quelque chose que l'on se demande souvent : par quel album aborder un artiste dont la discographie est quelque peu pléthorique ? Le mieux - pour un premier contact - restant de lire autour du sujet qui nous intéresse. Je vous conseillerais ce bouquin : Monk de Laurent de Wilde (édité en poche chez folio). Très vite l'envie d'écouter du Thelonious risque de se faire sentir. Vous pouvez prendre la discographie dans l'ordre où commencer par ce Straight, No Chaser plutôt varié. Si les trios (basse, batterie, piano) ne vous font pas peur penchez-vous donc sur Thelnious Monk plays Duke Ellington et si vous aimez la BD il serait dommage de vous priver du Monk de Aurel (BD Jazz / éditions Nocturne) et de ses 2 CD.

Un film qui porte le même nom que le disque (Straight, No Chaser) a été tourné entre 1967 et 1968 (par Michael et Christian Blackwood) juste après la sortie de l'album, lors d'une tournée européenne. Les bobines donneront un documentaire d'une heure pour une émission allemande puis, 12 ans plus tard, un film produit par Clint Eastwood. Nous en reparlerons. Pour l'instant je vous conseille de vous plonger dans ce Straight, No Chaser (réédité par Orrin Keepnews) et de prendre le temps.

Soudain je me rends compte que je n’ai toujours pas vu Iron Maiden en concert.

Thelonious Monk, Straight, No chaser, Londre 1965 avec le même groupe que sur l'album.




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