Sweetback, The Lost and Found Republic, Yotanka/Discograph, 2009


On a déjà causé d'Happy Apple sur Duclock, j'aimerais maintenant vous toucher deux mots de Sweet Back, un trio de jazz angevin qui sonne lui aussi comme un bon groupe de rock, lyrique (juste comme il faut), furieux (tout en groovant bien) et barré vers des contrés lointaines (on voyage pas mal au gré des morceaux qui donnent toujours l'impression d'avancer). Basse ronflante, batterie implacable et sax grave (pas sans rappeler Morphine) qui volute de manière particulièrement prenante. Et pour le même prix on vous met un rap qui sonne juste et ça c'est pas tous les jours... S'il faut parler d'étiquettes, il me semble là qu'on est bien plus proches de l'expression jazz rock (1). Effectivement, dans les années 70 où il se pose là, le jazz rock fait plus penser à du jazz funk. Dans le cas de Sweet Back, l'appelation jazz alternatif correspondra encore mieux. Quoi qu'il en soit, The Lost and Found Republic est le genre de disque que l'on pourra écouter des dizaines de fois en bagnole en ayant toujours l'impression de découvrir un truc tout en s'en faisant un genre de copain familier.

Au passage c'est grâce aux bons soins du blog Je suis une tombe que j'ai croisé la route de Sweet Back, à bon entendeur...

Sweetback. Photo : Service de Presse

Sweetback L'Interview

Raggy (Sax), Mehdi (Batterie), Kham (Contrebasse) et Tonyo (P-A + enregistrements) ont répondu à quelques questions par l'intermédiaire d'Internet.

Dj Duclock : Un album comme The Lost and Found Republic est assez rare, je veux dire, j'ai rarement croisé ce mariage réussi de rock et de jazz, à part chez Happy Apple ou Alexandre Saada... Comment se sont construits les morceaux qui sonnent à la fois urgents et travaillés ?

Raggy : Ca fait dix ans que le premier album AMOK est sorti. Il faut déjà savoir que ce premier disque est arrivé très tôt. Fabrice du label Shoshin Sounds nous a proposé de sortir un album à l’issue de notre deuxième concert ! A l’époque on n’avait donc pas du tout à l’idée de sortir un disque. Peu de temps après sa sortie, les choses se sont alors accélérées pour nos autres projets (Zenzile et Lo’Jo) qui se sont en plus retrouvés sur des calendriers similaires d’enregistrement d’albums et de tournées. Du coup, ça devenait très difficile de se voir.

Mehdi : On avait même eu l’idée de sortir un maxi vinyle à un moment vu qu’on ne trouvait jamais le temps d’enregistrer un album complet, puis pour diverses raisons ça ne s’est pas fait.

Kham : Et au bout d’un moment, d’une session de travail ou de demos à une autre, on s’est quand même rendus compte qu’on avait une trentaine de nouvelles ébauches. Donc le débat d’un nouvel album a refait surface.

Mehdi : Oui, parce qu’au final, même si on ne sortait rien ou même qu’on tournait très peu, on a continué à composer coûte que coûte. On s’est donc retrouvés avec ces ébauches à peaufiner. Et comme on avait un peu de temps devant nous, la question ne s’est pas posée très longtemps.

Raggy : Je dirais que nous avons cherché à mieux travailler les compositions là où, sur Amok, on jouait parfois la facilité en privilégiant l’énergie. Ici, on s’est quand même bien creusé la tête pour faire des morceaux cohérents, travaillés. L’autre différence assez évidente est le nombre d’invités sur le disque. On était tous les trois d’accord pour rester sur une formule trio qui nous convient très bien, mais on ne voulait pas que chaque morceau sonne forcément comme le précédent. Cet album est par conséquent plus arrangé.

Kham: Pour finir The Lost & Found Republic bénéficie de nombreuses années de maturation, de l'aide et de la confiance de beaucoup d'amis, de l'encouragement de notre ingénieur du son Tonyo (qui fait partie du groupe à part entière), d'expériences personnelles et collectives .

Dj Duclock : D'où viennent vos influences ?

Raggy : La formule trio, pour nous, n'était pas préméditée mais s'est imposée d'elle même quand, après diverses expériences nous nous sommes retrouvés tous les 3, avec une énergie et un propos commun. Notre démarche se rapproche plus d'une démarche punk (nous n'avons pas attendu de maîtriser nos instruments pour commencer à composer), voire post-punk ou new-wave, dans le sens où nous mélangeons les genres sans se soucier d'étiquette. La seule contrainte que nous assumons est de ne pas rester trop éloignés du dance-floor, d'une énergie que nous voulons ressentir entre nous et l'auditoire. A ces groupes j'ajouterai : Parliament, les expérimentations électriques de Miles Davis, Fela, Lee Perry, Queens of the stone age...

Kham : Voici une liste non exhaustive des trio qui nous ont marqués pour leur attitude, énergie, musicalité et l'engagement : MotorHead, The Jimi Hendrix Experience, The Police, The beastie Boys, The Melvins, John Spencer Blues Explosion, Sloy, NTM.

Dj Duclock : A l'heure actuelle la scène jazz française vous cause-t-elle ? Y faites-vous des découvertes marquantes ?

Kham : Mise à part le line-up (batterie, sax Ténor et contrebasse ) la musique de Sweetback est somme toute très éloignée du jazz. J'écoute et respecte énormément les pionniers de ce style musical. Récemment j'ai encore découvert des novateurs français grâce au label chief-inspector et puis d'autres sur scène... pour ne citer qu'eux le fantastique quartet PRINT (Paris) et l'étonnante machine OCTOBRE (Bordeaux).

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(1) mais peut être que le jazz c'est cette étiquette qui accueille toutes ces musique que 'on ne sait pas trop où ranger.