Dans la famille Mendelssohn, Isata Kanneh-Mason joue le frére et la soeur

 


Après Clara Schumann la pianiste Isata Kanneh-Mason s'empare des partitions de Fanny Mendelssohn. Des femmes. Cela tombe bien je pense souvent au T-Shirt "more women on stage" que j'ai aperçu dans le tram fin 2024. Oui, plus de femmes sur les scènes musicales et plus de femmes dans les listes de lectures. Voilà une bonne résolution pour les années à venir... J'ai fini 2024 avec Rebecca et je commence 2025 avec Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier. Côté musique ce fût entre autre ce disque Decca du mois d'août 2024 consacré aux Mendelssohn, frère et sœur.

Le piano file a toute allure, l'orchestre (le London Mozart Players et Jonathan Bloxham) est à ses trousses. Dans cette course poursuite il y a quelques moments calmes, un peu de drôlerie aussi. Le Concerto n°1 de Felix Mendelssohn est tumultueux, lumineux par endroit. Il laisse place au Songe d'une nuit d'été (transcriptions pour piano signées Moszkowski et Rachmaninov). La course poursuite avec l'orchestre s'arrête. Le piano a gagné. L'orchestre est au placard. Soudain deux accords plaqués avec vigueur rappellent fugacement Thelonious Monk. Monk écoutait et jouait de la musique classique. Il existe une photo pour laquelle il prend la pose aux côté de son piano dans son petit appartement, sur le pupitre il y a une partition de Debussy. Est-ce parce que j'ai commencé l'année en écoutant l'album Solo Monk que je fais ce rapprochement ?

La suite du programme entrelace des chansons sans paroles (le frère, transcription de Liszt), un Nocturne en Sol (Fanny Mendelssohn) ; c'est aérien et un peu sec dans la façon de jouer comme dans la prise de son ; on pense presque à un pianoforte. La Sonate de Pâques (de Fanny et non pas de Félix) vient délier cela. Une composition grave, parfois tourbillonnante sans se départir d'une certaine légèreté, jouée avec un tact certain et une brusquerie qui éloigne le risque de mièvrerie.

Emeric Cloche.