German Angst (anthologie cinematographique, 2015)


German Angst propose une séance éprouvante non dénuée d'une certaine poésie, qui amènera à débattre autour de la peur, de la violence et des rapports humains. Pour public averti... 

L'Anthologie commence doucement avec le film Final Girl de Jörg Buttgereit. Une caméra s'attache aux détails d'un appartement, une jeune fille se réveille et une voix off parle de la castration des cochons d'Inde. Les images sont lentes et sordides. Le sujet aussi, même s'il est traité de façon presque contemplative, voire onirique.

Le film le plus immédiatement dérangeant est celui de Michal Kosakowski. Make a wish met en jeu des victimes qui ne peuvent pas parler (puisqu'elles sont sourdes et muettes), des nazis, des néo-nazis et des scènes de violence et de torture. Le film est oppressant, très bien joué et pourra entrainer dans un premier temps une forte réaction de rejet. Viendra ensuite le temps de la réflexion sur la peur, la force et la violence. À la question doit-on montrer la violence, tout montrer ? On répondra aisément que c'est le genre (horreur et/ou épouvante) qui veut ça. Et chaque genre peut s'emparer de n'importe quel sujet, non ? On pourra évoquer Funny Game de Hannecke pour alimenter le débat qui pourra remonter jusqu'à Orange Mécanique de Stanley Kubrick ; débattre sur pourquoi et comment montrer la violence. Le site Sadique Master a réalisé une interview des réalisateurs Michal Kosakowski et Andreas Marschall dans le cadre de la première belge de German Angst au Bifff 2015. On y apprend que la grand-mère du réalisateur a vécu une scène similaire à celle du film lors de la deuxième guerre mondiale.

Alraune, le court métrage d'Andreas Marschall, est le plus poétique des trois. Impossible de ne pas invoquer une ambiance à la Cronenberg ou encore de penser à la photo des Prédateurs de Tony Scott. Le sujet de la dépendance est très bien traité. L'acteur principal est excellent (on se croirait presque dans une chanson de Lou Reed). C'est classique et de belle facture et on sent que Marschall a son style (il faudra voir ses autres films Masks et Tears of Kali).

Si l'un des buts de cette anthologie était de faire découvrir le travail des trois cinéastes, c'est réussi, il ne reste plus qu'à fouiller et surveiller les festivals qui pourraient les programmer. Et merci à la 7ème édition du Festival de L'Absurde Séance.