Podium (Yann Moix, 2003)



Pour les deux protagonistes de Podium le spectacle et ses marionnettes a gagné (je dis pas ont parce que les marionnettes n'ont quasiment aucun échappatoire et font partie du spectacle) ; l'être humain et sa façon de communiquer y sont asservis. L'expression de la personnalité et des sentiments se fait par le biais des idoles du show business. Voilà ce que j'ai vu transparaître du film de Yann Moix. Les protagonistes (Benoît Poelvoorde qui imite Claude François et Jean Paul Rouve sosie de Michel Polnareff) communiquent par le biais de leurs idoles... Quand le sosie de Claude fait l'amour avec un des sosies des Claudette c'est au travers des chansons. Au moment où le sosie se plante et qu'il dit la vérité du spectacle "vous vivez à travers moi" au public de la sélection, le public applaudit... Il semble dire "oui nous vivons par procuration et nous aimons ça" ; à la fin du film (attention nous allons dévoiler le final) le sosie regagnera l'amour de sa femme par le truchement d'une chanson de Julien Clerc.


Rouve & Poolvorde dans Podium

Les scènes du films abondent dans le sens "le spectacle a gagné" (pas le spectacle dans l’entièreté du sens que lui donne Guy Debord, mais dans le sens "Star System" et procuration). Quelques scènes sortent du lot dont une assez bonne avec le trio maîtresse-femme-mari. Une autre, un peu décalée, où le sosie et ses Bernadette chantent et dansent sur un parking de la zone commerciale la nuit et où les enseignent des magasins servent d'éclairage aurait dû être plus touchante. Malheureusement la plupart des scènes sont très convenues (beaucoup font référence à des blagues sur la biographie et l’œuvre des chanteurs). Le scénario est plutôt à ranger dans le "déjà vu" malgré quelques trouvailles (Bernard le sosie de Claude habite dans une maison témoin) ; l'absurdité (voire l'acidité ironique) qui aurait pu sauver le film est au fur et à mesure noyée par le sentimentalisme. Dommage, le sujet, les acteurs et les décors avaient du potentiel.