Lysistrata : La grève du sexe !


Place aux femmes

LE COMMISSAIRE : Tu penses me faire taire, maudite femme! Toi qui porte un voile sur la tête ? Plutôt crever !
LISON : S'il n'y a que ça qui te chiffonne, tiens, prends-le, ce voile, je t'en fait cadeau, mets le sur ta vilaine caboche, et ferme-la !
VICTORINE : Tiens, prends aussi ce fuseau... et la petite corbeille que voici. Serre bien ta robe à la taille et file la laine en croquant des fèves, c'est votre tour ! Désormais la guerre sera affaire de femmes.

L'heure est grave, les femmes n'ont plus d'hommes à se mettre entre les jambes et même ceux qui produisaient les godemichés sont partis à la guerre. Lison entend bien remédier une bonne fois pour toute au problème.

L'essentialisme a du plomb dans l'aile

Au Vème siècle avant Jésus Christ le choeur des femmes de Lysistrata demande : Je suis née femme, certes, mais quoi, me l'imputerez-vous à crime si ce que je propose est meilleur que la politique pratiquée de nos jours ?
Lysistrata s'approche d'une critique de l'essentialisme (genre homme/femme et rôle joué). Face à l'argumentation des femmes, les vieillards qui veulent reprendre l'Acropole se mettent nu afin que se répande l'odeur du mâle car ils ont peur que les femmes prennent leur rôle et les rendent inutiles. Les femmes font de même... comme si seule la différence biologique pouvait encore les différencier maintenant que les rôles ont changé.





Une adaptation

Pour cette édition Michel Host propose une traduction moderne de Lysistrata et les références qu'il utilise font appel à notre imaginaire culturel. Boupalos devient Guignol, on croise des injures à la capitaine Haddock, le godemiché remplace le olisboï. Le texte est parsemé d'anachronismes, mais le théâtre d'Aristophane comme celui de Shakespeare n'est-il pas intemporel ? L'idée générale est toujours là.


Une pièce politique

L'enjeu de la grève du sexe est politique, il s'agit de mettre fin à la guerre, mais pas que... Les profiteurs agglutinés sur le gâteau des emplois publics, on les cadre, on arrache leurs têtes une à une. Ensuite, dans une corbeille, nous rassemblons tous les gens de bonne volonté, concitoyens et métèques, en y associant ceux qui, à l'étranger, sont nos amis, et jusqu'aux débiteurs du trésor public. Enfin, par Zeus, pour tous ceux qui nous ont quitté pour devenir colons dans d'autres cités, ce sont autant de pelotons de laine éparpillés ici et là : nous allons tirer tous ces fils, les rabouter, les rembobiner en une belle pelote avec laquelle nous tisserons un chaud manteau pour notre peuple.



Aristophane, Lysistrata, faisons la grève du sexe ! traduit et adapté du grec ancien par Michel Host, Mille et une nuits, 143 pages, 3,50 Euros.