Nick Wall, W. AXL ROSE, Biographie non officielle, Camion Blanc, 2009


"Il avait l'air de sortir tout droit de la pochette de l'album : un haut-de-forme noir enfoncé sur une cascade de boucles sombres qui cachait délibérément ses doux yeux noisette, il serrait une bouteille de Jack Daniel's comme un petit enfant tient son nounours.
"Je parie que tu couches avec elle" plaisantais-je.
"Bien sûr," rétorqua-t-il. "J'aime aussi me réveiller à ses côtés. C'est le seul moyen..." Il fit une pause et regarda autour de lui."... de supporter tout ça.""

Extrait de Mick Wall, W. AXL ROSE, Biographie non officielle, Camion Blanc, 2009


Des gosses paumés...

Voilà l'histoire d'une bande de gamins paumés qui s'emparent du rock pour balancer leurs envies et leur hargne à la face du monde et survivre ; on leur donne alors les moyens de s'exprimer et ça donne un très grand groupe de rock, peut-être même le plus grand groupe du monde. Voilà un poncif du rock.


Nick Wall, journaliste rock, possède pas mal d'entretiens avec les membres du groupe et leur entourage. On apprend d'où viennent les chansons, on croise quelques comptes-rendus de concert et des anecdotes sans intérêt de celles qui sont aussi le sel du rock :"Axl, lui, eut des ennuis avec les vigiles du magasin Tower Records, à Piccadilly Circus. Il s'y était rendu avec Alan Niven et Tom Zutaut mais, entre le décalage horaire et les effets d'une pilule antihistaminique qu'il avait prise plus tôt dans la soirée afin de soulager une congestion, il ne se sentait pas dans son assiette. Et les vigiles s'énervèrent quand ils le virent assis sur les marches d'entrée du magasin, la tête entre les mains et serrant une cassette des Eagles qu'il venait d'acheter." Les querelles rapportées sont souvent pathétiques, Slash se plaint que CC DeVille (guitariste de Poison) lui a piqué l'idée du chapeau haut de forme, c'est ça le rock aussi, il va de pair avec les médias et les petites chamailleries. Le livre rappelle aussi que les Guns n' Roses ont su sortir le rock du cauchemar climatisé dans lequel les années 80 l'avaient plongé avec Bon Jovi, Poison, Def Leppard et les grands messes de type Live Aid. La sauvagerie regagnait du terrain sans donjon ni dragons, sans vampires ni armée de morts vivants. Les personnages des Guns étaient des drogués, des exclus et des prostituées...


AXL en ligne de mire

Nick Wall retrace l'épopée du groupe en se focalisant (comme le nom du bouquin l'indique) sur le AXL décrit comme caractériel et irrespectueux, un gamin capricieux sur lequel quelques requins (dont une sorte de nounou gourou New Age) n'auront pas de mal à mettre la main ; tout cela est assez triste. Le livre trop long sur la fin - en gros après le double Use Your Illusion - devient aussi inintéressant que les puériles histoires au sein du groupe, la narration suit une succession de copies de communiqués de presse justifiant l'annulation de nombreux concerts ou le retard du dernier album (Chinese Democraty qui a finalement vu le jour en 2008 après 15 ans d'enregistrement et 20 millions de dollars). Plus on avance dans l'histoire du groupe et plus cela devient écœurant et on s'ennuie ferme entre concerts sabordés et démêlés judiciaires.... sûrement le même sentiment des fans de l'époque.

Guns N Roses, Paradise City



Le dernier dinosaure rock

Au travers de cette fulgurante propulsion d'un groupe de gosses sur le devant de la scène et sa longue agonie c'est aussi, un peu, l'histoire de l'industrie du disque qui se dessine avec cette façon de voir le rock comme un Guiness Book des records avec Use Your Illusion devenu 7 fois disque de platine (70 millions d'exemplaires vendus dans le monde), Appetite for destruction et ses 35 millions. Une folie des grandeurs qui retombe comme un soufflet. Reste la musique, une poignée de rocks énergiques, des gars qui cognent sur tout ce qui bouge pour pas crever et qui causeront à des millions de gamins et de gamines. On croisera Kurt Cobain dans cette biographie et la puérilité d'Axl couplée à la bêtise du mannequin qui l'accompagne ne pourra rien face à l'humour et à la dérision de Kurt et Courtney. Ce sont là deux mondes du rock : un dinosaure - le dernier des groupes façon Led Zeppelin et Rolling Stones mâtiné d'Elton John, de Queen et de New York Dolls ; et la relève, un rock qui croise le punk et la pop avec un message sans fard. Ado, je suivais Nirvana : c'était (enfin !) un groupe de musique de mon époque et qui me causait à chacune de leur chanson ! Mais il m'arrivait aussi d'écouter en cachette Welcome To The Jungle, Paradise City, Sweet Child O' Mine, Rocket Queen, One in a Million, Civil War, Yesterdays, Knockin' On Heaven's Door, Estranged, You Could Be Mine, Don't Cry, November Rain... pour pas grandir trop vite.

Guns N Roses, Welcome To The Jungle


Pour continuer sur les Guns N'Roses sur Duclock :

Guns n’ Roses, Appetite for destruction
Guns n’ Roses, Lies