Peut-être ce documentaire passe à côté du chez vous ; il est sorti dans 130 salles en France. Christian Poveda, le réalisateur, est allé au Salvador filmer un des deux gangs célèbres là-bas : la Mara 18 (prononcer diez y ocho).
Le film est oppressant au-delà de ce qu'on peut imaginer, par les choix de réalisation de Poveda.
Pas d'échappatoire, pas d'explications - en dehors du cadre donné par la caméra et le montage -, juste des pistes. C'est à dire, pas d'interviews, pas d'intervenants extérieurs, pas de paysage environnant. Rien que des plans serrés, des lieux étouffants (la cellule, la prison, le tribunal, la rue au bitume défoncé...), des faits et des êtres humains comment dire... mal barrés ? Ravagés ? À l'image de cette fille de 18 ans au visage si dur, le chiffre 18 tatoué sur le front, à la recherche de sa mère adoptive. Ou encore celle qui s'est pris une balle dans l'oeil et cherche à retrouver un aspect normal, elle que les gars du gang surnomment Droopy.
Un à un on les découvre, ces filles et ces garçons sans rien qui cadre avec leur âge, rien que des mômes largués, récupérés par le gang (c'est ça ou les cathos qui leur bourrent le crâne), pas toujours sans famille mais plutôt sans perspectives. Quand une ONG lance un projet de boulangerie de "réinsertion", le projet capote assez vite, le créateur étant rattrapé par un meurtre qui l'envoie pour 16 ans en prison.
Poveda rythme son film avec les enterrements qui se succèdent, corps étalés dans la rue, apprêtés dans leur cercueil. De nombreuses scènes prennent aux tripes. Quand quelqu'un meurt à la Mara 18, les éplorés hurlent au "pourquoi" sans jamais remettre en question la violence et la souffrance dans laquelle ils baignent. Ils se voient comme une famille, avec un fort sentiment d'appartenance, malgré les véritables parents que l'on voit à côté, frères, soeurs ou mère, jamais de père. Leur union se traduit dans les discours de chacun, les prières scandées aux enterrements, les signes effectués avec les mains. L'entité du gang, elle, reste floue quant à son organisation et son activité. Pas de déploiement d'armes à l'écran, du crack préparé, pas mal de fumette et de séances de tatouage. Ceux de la Mara 18 buteraient sans problème ceux de la Mara Salvatrucha 13, l'ennemi est là, ainsi sont les choses.
En chiffres, les gangs seraient responsables de plus de 3000 morts au Salvador en 2008.
Christian Poveda est un photographe, journaliste et réalisateur français. Etait. En septembre dernier, il a été abattu à San Salvador. Par la Mara 18 toute seule, ou inspirée par la police ? Le pourquoi est une autre histoire, mais son travail a visiblement dérangé quelque part. Reste ce que montre son film et toute la gravité qui imprègne le visage de ces jeunes.
Le film est oppressant au-delà de ce qu'on peut imaginer, par les choix de réalisation de Poveda.
Pas d'échappatoire, pas d'explications - en dehors du cadre donné par la caméra et le montage -, juste des pistes. C'est à dire, pas d'interviews, pas d'intervenants extérieurs, pas de paysage environnant. Rien que des plans serrés, des lieux étouffants (la cellule, la prison, le tribunal, la rue au bitume défoncé...), des faits et des êtres humains comment dire... mal barrés ? Ravagés ? À l'image de cette fille de 18 ans au visage si dur, le chiffre 18 tatoué sur le front, à la recherche de sa mère adoptive. Ou encore celle qui s'est pris une balle dans l'oeil et cherche à retrouver un aspect normal, elle que les gars du gang surnomment Droopy.
Un à un on les découvre, ces filles et ces garçons sans rien qui cadre avec leur âge, rien que des mômes largués, récupérés par le gang (c'est ça ou les cathos qui leur bourrent le crâne), pas toujours sans famille mais plutôt sans perspectives. Quand une ONG lance un projet de boulangerie de "réinsertion", le projet capote assez vite, le créateur étant rattrapé par un meurtre qui l'envoie pour 16 ans en prison.
Poveda rythme son film avec les enterrements qui se succèdent, corps étalés dans la rue, apprêtés dans leur cercueil. De nombreuses scènes prennent aux tripes. Quand quelqu'un meurt à la Mara 18, les éplorés hurlent au "pourquoi" sans jamais remettre en question la violence et la souffrance dans laquelle ils baignent. Ils se voient comme une famille, avec un fort sentiment d'appartenance, malgré les véritables parents que l'on voit à côté, frères, soeurs ou mère, jamais de père. Leur union se traduit dans les discours de chacun, les prières scandées aux enterrements, les signes effectués avec les mains. L'entité du gang, elle, reste floue quant à son organisation et son activité. Pas de déploiement d'armes à l'écran, du crack préparé, pas mal de fumette et de séances de tatouage. Ceux de la Mara 18 buteraient sans problème ceux de la Mara Salvatrucha 13, l'ennemi est là, ainsi sont les choses.
En chiffres, les gangs seraient responsables de plus de 3000 morts au Salvador en 2008.
Christian Poveda est un photographe, journaliste et réalisateur français. Etait. En septembre dernier, il a été abattu à San Salvador. Par la Mara 18 toute seule, ou inspirée par la police ? Le pourquoi est une autre histoire, mais son travail a visiblement dérangé quelque part. Reste ce que montre son film et toute la gravité qui imprègne le visage de ces jeunes.
Un article pour comprendre mieux, et la bande-annonce du film pour un aperçu :
Tres Coronas, El Original