Jeanne-Michèle Charbonnet & Todd Camburn, cabaret à l'opéra de Nantes

Todd Camburn adapte son jeu de piano subtil à l'ambiance des textes. En plus de faire vivre les chansons avec sa voix, Jeanne Michèle Charbonnet les interprète avec son corps, de la pointe des cheveux à la pointe des pieds, ses expressions de visage très suggestives et ses regards brûlants ; c'est bien de cabaret qu'il s'agit. Pour les quatre chants d'adieu (Lieder des Abschieds) d'Erich Korngold le duo passse d'une ambiance sépulcrale dans Requiem - où le cimetière se dessine - à la révolte avec un piano particulièrement brutal pour Jamais mon amour ne pourra comprendre cela (Dies eine kann Sehnen nimmer fassen)... L'ambiance monte au fur et à mesure du récital. Elle devient magistrale et grave pour Kurt Weil où les passages parlés renforcent le chant de Jeanne-Michèle ; Je ne t'aime pas (un texte de Maurice Magre) balance plus d'un sourire au rez-de-chaussée ; Youkali fait renaître Mahagonny. Arrive William Bolcom - la découverte de la soirée - et le piano se fait contemporain, voire jazz, avec des textes en anglais, des histoires noires et polardeuses : Over The Piano, Song Of Black Max où le chant de Jeanne Michèle rappelle Nina Simone... The Actor où la résonnance avec Ran Blake devient évidente. Le climax est atteint avec Stephen Sondheim et l'extra ordinaire interprétation de Send In The Clown... Un rappel, Sometimes I Feel Like a Motherless Child, vient achever le public.

Jeanne Michèle Charbonnet, Todd Camburn et les 3 questions du dj duclock



dj duclock : Que lisez-vous en ce moment ?

JM Charbonnet : J'ai fini un livre The Namesake de Jumpa Lahiri, une romancière américaine indienne, c'est une chose normale maintenant pour nous. C'est beau. Elle a eu le prix Pulitzer avec son premier livre, et maintenant c'est le deuxième d'elle, incroyable.

dj duclock : Va falloir que je me renseigne, je ne connais absolument pas.

JM Charbonnet : Aux Etats-Unis ce sont beaucoup d'indian american, d'Inde, pas de native american, qui font les choses d'immigration, le coming of age, l'histoire. Incroyable.

Todd Camburn : en ce moment j'ai trouvé un livre qui m'a fasciné, je viens de commencer j'en suis au début. C'est un critique, Alexandre Ross, qui est critique dans le New York Times, qui écrit un livre sur le 20e siècle, toute la musique. En fait c'est .... maintenant qu'on est bien établis dans le 21e siècle, les nouveaux, dans l'esthétique, pour voir comment il y avait vraiment tellement de coexistence de style très traditionnels et très complètement nouveaux, révolutionnaires en même temps, et comment c'était acquis dans le public et comment ça a pu...

dj duclock : Comment ça a été reçu...

JM Charbonnet : Plus intellectuel... (rires) Non mais moi aussi c'est très... littérature !

dj duclock : Qu'est ce que vous écoutez en ce moment ?

JM Charbonnet : Dans mon Ipod ! Pour moi c'est difficile, parce que j'étudie tout le temps. Maintenant j'ai Lone Green, parce que je fais Law Green après. J'ai aussi SOndheim, Side by Side, et Indigo Girls. Un peu folk rock.

dj duclock : je ne connais pas, deuxième découverte.

Todd Camburn : en ce moment au Grand Théâtre de Genêve où je suis chef de chant, on est en train de monter une production, Peter Grimes. Donc... à part la musique que je fais avec Jeanne Michèle c'est ça qui occupe ma tête, que j'écoute.

JM Charbonnet : Peter Grimes... de Britten

Todd Camburn : C'est magnifique.

dj duclock : Quelle est la dernière fois que vous avez été surprise ?

JM Charbonnet : Que je peux dire ?

dj duclock : Que vous pouvez révéler.

JM Charbonnet : C'est pas facile, because my life is boring. (Todd lui souffle) Jeudi... Judith ? Oui, quand j'ai chanté la semaine dernière, non, cette semaine ! A Oslo, en Norvège, c'était quelqu'un avec une watch qui a fait bip bip bip bip pour le deuxième copt. C'était une surprise ! C'est bien pour le public de savoir...

dj duclock : Qu'il faut éteindre les portables, les montres...

Todd Camburn : j'ai fait un concert aux Etats-Unis en février dans une toute petite ville de Appleton Wisconsin, très charmant, et puis une semaine plus tard je suis à Genêve, j'accompagne une fille qui fait une audition au Grand Théâtre, et quand je pars avec elle je découvre qu'elle vient de Appleton Wisconsin, et elle connaît le chanteur que j'avais rencontré là-bas.

dj duclock : Plutôt une bonne surprise là !

JM Charbonnet : Oui, pas comme moi, la mienne. Mais c'est bien pour un peu... car je connais très bien l'histoire de Judith, et quand la porte s'est ouverte, c'est bien d'avoir une autre chose.

dj duclock : merci