La Dame Blanche était en noir de Michel Brosseau et Bruce Springsteen sur la route


La Dame Blanche était en noir est le troisième ouvrage de la collection Polars et Grimoires qui associe féérie et roman noir, dont nous avons déjà causé sur Pol'art Noir. La légende urbaine de la dame blanche est ici prétexte à pénétrer les mécanismes de fonctionnement de la rumeur fantastique, mais aussi à se pencher sur cette période fragile qu'est l'adolescence. Le monde rural et les bars ne sont pas en reste...

Jimi Hendrix, les Doors, les Sex Pistols, Robert Johnson… Michel Brosseau entremêle la musique avec l’histoire : « A question in your nerves is lit… Vitre ouverte, rouler dans la nuit… Dylan pour compagnie… Yet you know… L’auto-stoppeuse fantôme ne serait bientôt plus qu’un souvenir… Si Poulain n’avait pas menti, bien sûr ! Mais une telle histoire… there is no answer fit… Peu probable qu’il l’ait inventé de toute pièces… to satisfy… Certes il avait l’air un peu givré et pas mal alcoolo… » Et on songera longtemps à ce final au diapason avec une fabuleuse chanson de Springsteen !

Reason To Believe, Bruce Springsteen, tiré de l'album Nebraska, Columbia, 1982



Michel Brosseau et les 3 questions du Dj Duclock

Michel Brosseau a répondu par l'intermédiaire d'Internet aux 3 questions du Dj Duclock.

Dj Duclock : Que lis tu en ce moment ?

Michel Brosseau : J’ai toujours eu bien du mal à ne lire qu’un bouquin à la fois. Depuis l’enfance, j’aime les lectures (ou relectures) en parallèle. Plaisir dont je ne me prive pas cette année, ayant choisi de travailler moins pour vivre plus !
J’ai terminé tout récemment Contre-Jour de Thomas Pynchon (Seuil). J’ai trouvé là une véritable jubilation de lecture et d’écriture, un foisonnement comme on en rencontre peu, grâce auquel le lecteur se laisse embarquer au plaisir des fictions qui s’emboîtent et s’enchaînent. Un roman qui m’a aussi permis de retrouver les sensations des lectures premières, celles du gosse qui se plongeait dans un roman d’aventures façon Jules Verne. Sans oublier cette capacité à tout se permettre… Un exemple : « Largement indifférent aux allées et venues sur le pont, allongé à un bout de la nacelle, sa queue battant de temps à autre les planches de manière expressive, le nez entre les pages d’un volume de Mr Henry James, un chien de race indéterminée semblait captivé par le roman qu’il avait sous les yeux. » (p13)
Se promène aussi de mon bureau à ma table de chevet (en fait par terre au pied du lit !) le Tout Maigret Tome IV de chez Omnibus. Découverte de certains titres, relecture pour d’autres (Maigret se fâche, Maigret à New York, Les vacances de Maigret, Maigret et son mort…). Avec Simenon, toujours ce plaisir de l’alliance d’une écriture simple du point de vue du maniement de la langue et si efficace pour la mise en place d’ambiance.
Pas mal traîné aussi ces derniers temps en compagnie de Kerouac (une bio d’Yves Buin, Big Sur, Les Clochards célestes) et été pas mal intrigué par un texte court de Beckett, Mal vu mal dit (une porte ouverte pour la réflexion et l’écriture, sans parvenir pour l’instant à trop savoir quoi… mais ça travaille à l’intérieur !).

Dj Duclock : Qu'écoutes tu comme musique ces derniers temps, l'album qui tourne sur la platine ?

Michel Brosseau : Le No Fun d’Iggy Pop et les Stooges m’a beaucoup accompagné ces derniers temps. Il a même été source d’écriture, porte ouverte sur le passé… Celui qui revient le plus est très certainement Muddy Waters, à cause de cette tension dans la voix, cette économie du jeu. On est toujours si proche du silence dans des morceaux comme Feel like going home ou The same thing. Et puis aussi Buddy Guy, Hendrix, Albert, Freddie et B.B King, sans oublier Hendrix… Beaucoup de guitare parce que je prends trop peu le temps de jouer en ce moment (comme s’il fallait choisir entre le manche et le clavier !)

Dj Duclock : Qu'est-ce qui t'as surpris dernièrement... Quand as tu été surpris pour la dernière fois ?

Michel Brosseau : J’ai l’impression qu’on ne se laisse plus guère surprendre aujourd’hui. On nous a tellement répété qu’on ne pouvait pas échapper à notre destin collectif (depuis que la première télé noir et blanc de mes parents, je sais que c’est la crise et qu’il y a pas grand-chose à faire à part être bien sage et attendre le bout du tunnel…), que nous autres les petits on n’y pouvait rien sinon bien voter pour que ce soit pas pire… On joue aux blasés, à ceux qui savent déjà, qui s’en doutaient… Rien d’autre qu’un paravent à l’impuissance ! Néanmoins, c’est sans doute ça qu’on tente en écrivant : se laisser aller à la surprise au spectacle du monde qui nous entoure. Non pas se scandaliser à grand renfort de formules creuses (aucune surprise là-dedans), mais ouvrir un œil neuf, lavé de la crasse ambiante.