Brandon LaBelle, Live Bootleg, Les presses du réel, 2008

Émettre (plutôt qu'exprimer) et réfléchir à ce qui est émis. C'est là que se trouve l'aspect délicat de la communication : non pas une injonction lourde et maladroite du type "ressentez !", "rêver!" ou "envolez-vous", mais plutôt une petite tape sur l'épaule, une invitation à reconsidérer les choses avec des oreilles neuves.

Risle-Rasle : à propos de "Museum of Instruments" de Brandom LaBelle par Juliana Hodkinson tiré de Brandon LaBelle, Live Bootleg, Les presses du réel, 2008

Les presses du réel propose un recueil de textes, de photos d'installations et de plages sonores sur le travail de Brandon LaBelle autour de la musique, l'évocation du souvenir, le sens auditif et les musiciens de rue. Les textes de Ken Ehrlich ou Juliana Hodkinson viennent répondre ou expliquer les oeuvres. "Ce qui est dit est dit et ce qui est dit est musique", un texte de Carla Demierre, rend compte et continue une installation de Brandon LaBelle. L'artiste s'exprimera lui-même lors d'un entretien avec Lene Asp Frederiksen et Stine Hebert. On croisera aussi des textes particulièrement touchants tirés de "Collection Of Radio Memories", une collection constituée à partir de souvenirs radiophoniques envoyés par des participants du monde entier.

Brandon propose un art interactif dans la construction de l'oeuvre : des enfants fabriquent eux-mêmes leurs propres instruments pour donner un concert. Interaction entre le public et l'exposition quand le spectateur est invité à coller l'oreille a des caissons de couleurs pastelles pour entendre ce qui se passe à l'intérieur, et à les déplacer dans l'espace pour moduler le son... Cette façon de jouer avec l'espace et le son rappelle le baladeur que Sony avait en projet (sûrement resté dans les cartons) : la musique devait passer dans des filtres qui modulaient un équaliseur suivant la pression athmosphèrique et la température extérieure. Ainsi Miles Davis aurait sonné différemment à la montagne ou au bord de la mer.

Bien sûr ce livre (dont la réalisation couverture affiche pliée et le papier sont fortement agréables, mais avec des photos dont le rendu à l'impression n'est pas très clair) et le disque qui l'accompagne ne peuvent que rendre partiellement la dimension sociale et participative des installations de Brandon LaBelle, mais on peut déjà se faire une riche idée et surveiller de près les lieux d'exposition autour de chez nous, comme par exemple les FRAC...

Et quelque chose me dit qu'on a pas fini de parler des productions des éditions Les presses du réel.




Photo : Brandon LaBelle

Brandon LaBelle et les 3 questions du Dj Duclock

Brandon LaBelle nous a fait l'honneur de répondre aux 3 questions du Dj Duclock via Internet, merci à lui.

Dj Duclock : Que lis-tu en ce moment ?

Brandon LaBelle : Je lis Dancing in the Streets, a History of Collective Joy de Barbara Ehrenreich. C'est une somme intéressante d'histoires sur les rassemblements extatiques, des premiers groupes et cultes religieux à des versions plus contemporaines, comme les festivals de rock et les fêtes. Je l'apprécie comme une histoire de la relation de l'individu avec les rassemblements sociaux - le rassemblement extatique, la danse, le festival, comme un instant où la singularité est impliquée dans une plus large expérience collective, ce qui dans ce cas est aussi en partie construit à travers la musique et le son.

Dj Duclock : Qu'écoutes-tu en ce moment ?

Brandon LaBelle : Une collection de CD que j'ai acheté dernièrement à Brisbane, du label Room40. J'aime beaucoup le travail de The Rational Academy, Lullatone, et la collaboration avec Tujiko Noriko, Lawrence English et John Chantler, tout genre de travail horizontal je dirais - et aussi un CD de Jean-Philippe Roux, Nebulae, qui est un mélange intéressant d'enregistrements collectés dans des lieux, de traitement et d'une certaine forme de musicalité.

Dj Duclock : Quelle est ta dernière surprise, la dernière fois que quelque chose t'as surpris ?

Brandon LaBelle : L'élection de Barack Obama, qui en l'occurence est une surprise bienvenue et nécessaire.

It's a bilingual post. Caroline de Benedetti tries its best to translate.

Brandon LaBelle, Live Bootleg, Les presses du réel, 2008

To emit (rather than express), and to reflect on what is emitted. This is the light touch of communication - not an order to "feel!", "dream!", "fly with me!", but rather a little tap on the shoulder, an invitation to reconsider my ears from a reshuffled position.

Risle-Rasle : on Brandon LaBelle's "Museum of Instruments" by Juliana Hodkinson, from Brandon LaBelle, Live Bootleg, Les presses du réel, 2008

Les presses du réel offer a collection of texts, photos of installations and sonic tracks about Brandon LaBelle's work on music, the conjuring of memory, the auditory sense and street musicians. Ken Ehrilch and Juliana Hodkinson's texts came to respond or explain works.

"What is said is said and what is said is music" a Carla Demierre's text, conveys and prolongs
one of Brandon LaBelle's installations. The artist expresses himself during an interview with Lene Asp Frederiksen and Stine Hebert. You can also read particulary touching texts from "Collection of Radio Memories", a collection made of radio memories submitted by people from all around the world.

Brandon proposes an interactive art in the construction of work : child make themselves their own instruments to give a concert. Interaction between visitors and the exposition, when you are invited to press your ear against pastel colored boxes to hear what's going on inside, and to move them in space to make a modulation of sound.
This way of playing with space and sound reminds Sony's walkman that was in project (probably abandoned) : music had to go through filters modulating an equalizer depending on atmospheric pressure and outside temperature. So, Miles Davis would have sound diferently to mountain or at sea.

Of course this book (with his cover-poster folded and pleasant paper, but with a not very clear reproduction of photos) and the disc with it can only partially restore the social and participative dimension of Brandon LaBelle's intallations, but you can already imagine and look at exhibition spaces in your neighborhood, like FRAC...

Something tells me that we are not done talking about the productions of the editions Les presses du réel


Brandon LaBelle and the 3 questions of Dj Duclock

Brandon LaBelle answered us via internet, many thanks to him.

Dj Duclock : What are you reading now?

Brandon LaBelle : I’m reading Dancing in the Streets, a History of Collective Joy by Barbara Ehrenreich. It’s an interesting account of histories of ecstatic gathering, from early religious groups and cults to more contemporary versions, such as rock festivals and carnivals. I quite like this as a story of the relation of individuality and social gathering – the ecstatic gathering, the dance, the festival, as an instant where singularity is implicated within a larger collective experience, which in this case is also partially elaborated through music and sound.


Dj Duclock : What do you listen to these days?

Brandon LaBelle : A collection of CDs I recently acquired while in Brisbane, from the Room40 label. I’m very much enjoying the work by The Rational Academy, Lullatone, and a collaboration with Tujiko Noriko, Lawrence English and John Chantler, all kind of horizontal work I might say – as well as a CD by Jean-Philippe Roux, called Nebulae, which is an interesting intermixing of site recordings, processing and a surprising form of musicality.


Dj Duclock : What is your last surprise, the last time you were surprised by something?

Brandon LaBelle : The election of Barack Obama, which in this case is a very welcome and necessary surprise.