Une épinette dans le Tarot
(Cet article du Dj duclock est précédement paru dans la revue L'Ours Polar n°43 /Septembre 2007)
Dans les années 40 les parents de Bayer publient quatre romans sous le nom d’Oliver Weld Bayer. Le fiston William voit le jour en 1939 à Cleveland dans l’Ohio et sort son premier livre In Search of a Hero, fortement influencé par Hemingway, en 1962. Tarot, son 14ème ouvrage, n’a été publié qu’en France et nous plonge avec délice dans l’univers du Tarot dont Bayer connaît bien les arcanes. Il possède lui-même 400 jeux différents ! Faut dire, des tarots y en a une palanquée : entre celui de Marseille avec ses figures à l’ancienne, le Mythique, celui de Jung, celui de La Rose Sacré, le Tarot des Félins, le Karma, le Cosmique, le Thot, l’Egyptien, le Celtique et Le Tarot du Verseau, celui de Rider (dont il est principalement question ici) y a de quoi collectionner et donner des idées de roman. C’est d’ailleurs comme cela qu’Italo Calvino voyait le Tarot, comme une formidable machine à raconter des histoires. Pour ceux qui voudraient se documenter sur les arcanes et leurs significations on prendra soin de se munir de La voie du Tarot d’Alexandro Jodorowski, qui évitera au lecteur le piège de la divination et remettra le Tarot à sa place en tant qu’outil d’exploration du monde et de soi.
Tarot est un bon thriller psychologique avec ambiance sulfureuse et personnages gothiques à souhait, sans pour autant tomber dans le cliché. On y reconnaît la patte de Bayer et son art de mettre en place des psychopathes sexuels et des intrigues bien structurées. Sa façon de nous prendre par la main pour nous faire explorer un univers particulier. Si la musique n’est pas au centre du roman de Bayer on y croisera tout de même des pastiches de Cole Porter, du Bob Dylan, Prudence Johnson, Schubert, et, à la page 153, une épinette avec sur son pupitre une partition de Stephen Foster…
Stephen Collins Foster voit le jour en 1826 à Lawrenceville en Pennsylvannie. Quasiment autodidacte, il apprend la musique sur une flûte avant de maîtriser la guitare et le piano. Il commence à composer en 1840 et publie sa première ballade Open The Lattice Love à 18 ans alors qu’il travaille comme comptable pour son frère à Cincinnati… dès lors il n’aura de cesse d’écrire des chansons. On en recense 189 à son actif dont les célèbres : Campton Race (qui fut utilisée par Abraham Lincoln pour la campagne présidentielle de 1860), Swanee Ribber (aussi appelée Old Folk at Home), Oh Susanna (qui fut popularisée au moment de la ruée vers l’or de 1849), My Old Kentucky Home, Old Black Joe, Massa’s in the cold ground… Ses paroles racontent la douceur de vivre dans le Sud profond (qu’il fréquenta très peu…) et de son attachement à la nature. Elles chantent la nostalgie de ce qui est passé et qui n’est plus. Sentimentales, mais non dénuées de burlesque et de fantaisie. Il y mélange ses influences musicales : la musique des minstrels (parodies plus ou moins racistes de spirituals et de chansons noires jouées et chantées par des blancs qui se grimaient de cirage) et les rudiments de musique classique que lui enseigna Henry Kleber, le gérant du magasin de musique de sa ville natale. Très populaire de son vivant jusqu’à nos jours, Foster était souvent sans le sou. Alcoolique, il vend ses chansons pour rien (la tubesque et immortelle Oh Susanna ! se monnaie 100 dollars). Il se sépare de sa femme Jane Deny McDowell (contralto du Stephen Foster Quartet) pour qui il a écrit Jeanie with the light brown hair et meurt peu de temps après, à 37 ans, dans un hôpital de New York en 1860. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des pères de la musique américaine.
NB : Pour ceux qui voudraient continuer sur la voix du tarot, on ne peut, au passage, que conseiller hélico presto la lecture de l’excellent roman de Gresham Le Charlatan paru à la Série Noire (n°2463)
Tarot est un bon thriller psychologique avec ambiance sulfureuse et personnages gothiques à souhait, sans pour autant tomber dans le cliché. On y reconnaît la patte de Bayer et son art de mettre en place des psychopathes sexuels et des intrigues bien structurées. Sa façon de nous prendre par la main pour nous faire explorer un univers particulier. Si la musique n’est pas au centre du roman de Bayer on y croisera tout de même des pastiches de Cole Porter, du Bob Dylan, Prudence Johnson, Schubert, et, à la page 153, une épinette avec sur son pupitre une partition de Stephen Foster…
Stephen Collins Foster voit le jour en 1826 à Lawrenceville en Pennsylvannie. Quasiment autodidacte, il apprend la musique sur une flûte avant de maîtriser la guitare et le piano. Il commence à composer en 1840 et publie sa première ballade Open The Lattice Love à 18 ans alors qu’il travaille comme comptable pour son frère à Cincinnati… dès lors il n’aura de cesse d’écrire des chansons. On en recense 189 à son actif dont les célèbres : Campton Race (qui fut utilisée par Abraham Lincoln pour la campagne présidentielle de 1860), Swanee Ribber (aussi appelée Old Folk at Home), Oh Susanna (qui fut popularisée au moment de la ruée vers l’or de 1849), My Old Kentucky Home, Old Black Joe, Massa’s in the cold ground… Ses paroles racontent la douceur de vivre dans le Sud profond (qu’il fréquenta très peu…) et de son attachement à la nature. Elles chantent la nostalgie de ce qui est passé et qui n’est plus. Sentimentales, mais non dénuées de burlesque et de fantaisie. Il y mélange ses influences musicales : la musique des minstrels (parodies plus ou moins racistes de spirituals et de chansons noires jouées et chantées par des blancs qui se grimaient de cirage) et les rudiments de musique classique que lui enseigna Henry Kleber, le gérant du magasin de musique de sa ville natale. Très populaire de son vivant jusqu’à nos jours, Foster était souvent sans le sou. Alcoolique, il vend ses chansons pour rien (la tubesque et immortelle Oh Susanna ! se monnaie 100 dollars). Il se sépare de sa femme Jane Deny McDowell (contralto du Stephen Foster Quartet) pour qui il a écrit Jeanie with the light brown hair et meurt peu de temps après, à 37 ans, dans un hôpital de New York en 1860. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des pères de la musique américaine.
NB : Pour ceux qui voudraient continuer sur la voix du tarot, on ne peut, au passage, que conseiller hélico presto la lecture de l’excellent roman de Gresham Le Charlatan paru à la Série Noire (n°2463)
William Bayer et les 3 questions du Dj Duclock
A l'occasion d'une plus longue et enrichissante interview de William Bayer pour Pol'art Noir, accompagnée de la chronique de son dernier roman, Wallflower, Caroline lui a posé les 3 questions du Dj Duclock.
Dj Duclock : Que lisez-vous en ce moment ?
William Bayer : Stieg Larsson, Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, juste publié ici.
Dj Duclock : Qu'écoutez-vous en ce moment ?
William Bayer : Le nouvel album de Bob Dylan, Tell Tale Signs. Je l'adore !
Dj Duclock : Quelle est votre dernière surprise, la dernière fois que quelque chose vous a surpris ?
William Bayer : Ma femme Paula et moi avons été très actifs dans la campagne d'Obama, en commençant il y a deux ans quand quasiment personne ne pensait qu'il avait une chance de gagner la nomination du parti démocrate. Nous avons travaillé dans les opérations de terrain d'Obama en Californie du Nord, où nous vivons, et nous avons aussi apporté des contributions financières. Pendant plusieurs week-end nous avons rejoint un bus de volontaires en route pour le Nevada pour y sonner aux portes et parler d'Obama à quiconque nous ouvrirait. Et parfois les gens nous claquaient la porte au nez ! Il y a eu des moments ou nous ne pensions pas qu'il n'avait une seule chance contre Hillary Clinton. Et puis il l'a battue. Et il y a eu des fois ou nous ne pensions pas qu'un homme noir puisse gagner l'investiture. Alors que j'écris ça, nous en sommes à deux semaine et demi de l'élection, mais les choses se présentent plutôt bien. Et si ça, ce n'est pas surprenant, je ne sais pas ce qui l'est !
Merci beaucoup à William Bayer pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Merci beaucoup à William Bayer pour sa gentillesse et sa disponibilité.
William Bayer and the 3 questions of Dj Duclock
On the occasion of a longer and enriching interview of William Bayer for Pol'art Noir and a review of William Bayer's last novel, Wallflower, Caroline asked him the 3 questions of Dj Duclock.
Dj Duclock : What are you reading now ?
William Bayer : Stieg Larsson's The Girl With The Dragon Tattoo, just published here.
William Bayer : Stieg Larsson's The Girl With The Dragon Tattoo, just published here.
Dj Duclock : What are you listening to, these days ?
William Bayer : Bob Dylan's new album Tell Tale Signs. Love it !
William Bayer : Bob Dylan's new album Tell Tale Signs. Love it !
Dj Duclock : What is your last surprise, the last time you were surprised by something ?
William Bayer : My wife, Paula and I have been very active in the Obama campaign, starting two years ago when barely anyone thought he had a chance to gain the democratic party nomination. We worked as part of the Obama ground operation in Northern California where we live, and made financial contributions too. Several weekends we joined a bus load of Obama campaign workers on their way to Nevada to ring door bells there and talk up Barack to whomever answered the door. And sometimes people slammed their doors in our faces! There were times when we didn't think he had a chance against Hillary Clinton. Then he beat her. And there have been times when we didn't think a black man could win the presidency. As I write this, the election is just two and a half weeks off, but things are looking very good. And if this isn't surprising, well...I don't known what is !
Thanks a lot to William Bayer, for his kindness and his availability.
William Bayer : My wife, Paula and I have been very active in the Obama campaign, starting two years ago when barely anyone thought he had a chance to gain the democratic party nomination. We worked as part of the Obama ground operation in Northern California where we live, and made financial contributions too. Several weekends we joined a bus load of Obama campaign workers on their way to Nevada to ring door bells there and talk up Barack to whomever answered the door. And sometimes people slammed their doors in our faces! There were times when we didn't think he had a chance against Hillary Clinton. Then he beat her. And there have been times when we didn't think a black man could win the presidency. As I write this, the election is just two and a half weeks off, but things are looking very good. And if this isn't surprising, well...I don't known what is !
Thanks a lot to William Bayer, for his kindness and his availability.