Ny:na Valès, L'atmosphère, prikosnovénie 2008

Ambiance tout à tour langoureuse et sautillante entre jazz, bossa nova et chanson francophone. Texte délicieusement érotique (L'androgyne, J'entends la nuit, L'atmosphère...). Au fur et à mesure de l'album se dessine tout un monde sensuel. A l'image de la chanson L'athmosphère on se laisse entraîner au son de la voix de Nathalie Carudel et des arrangements de Yann Savel. Des musiciens se joignent doucement à la fête étrange Jean Patrick Cosset aux claviers (orgue Hammond, Wurlitzer, Fender Rodhes, Clavinet) ; Léon Guilé à la guitare, la guitare slide et la basse ; Daniel Trutet au viloncelle, Stéphane Barbier à la batterie ; Jean Marie Goupil à la trompette et au bugle ; Aleth Pichon à la harpe ; Tiphenn Pocréaux au choeur. Yann Savel compose de petites phrases mélodiques accrocheuses qui se promènent entre baroque, jazz, bossa nova et funk et qui émergent d'une torpeur entraînante. Des tounes comme Je doute disons ont leur place dans un recueil de poésies. Le mot elfique, surtout en version concert, est un véritable tube. Il fait bon se lover dans De l'alcool aux étoiles dont le background fait penser à un morceau de Bach qui plonge dans le jazz... Mariage réussi ! Les amateurs de chansons francophones subtilement construites devraient se précipiter sur l'album.

On peut écouter quelques morceaux de L'athmosphère sur le MySpace de Ny:na Valès. Vous y trouverez aussi les dates de concerts en duo et en trio (avec Jean Patrick Cosset).




Ny:na Valès, l'interview


J'ai eu la chance de pouvoir jeter un oeil et les oreilles sur quelques morceaux des concerts à venir de Ny:na Valès alors qu'ils étaient - avec Jean-Patrick Cosset le clavier de Mix City qui va les accompagner lors des concerts en trio - en résidence d'artiste à l'Olympic sous la direction de Lydie Callier. Sur scène les lumières rouges/roses, ors et blanches et les éléments de décors : une table et un tabouret de cabaret, se marient très bien avec les ambiances des chansons de Yann Savel. Déjà, en répétition, des morceaux comme Le mot elfique sonnent drôlement bon. Après un petit trajet en voiture agrémenté d'une discussion sur les différences de vessie et d'estomac entre les garçons et les filles et un créneau époustouflant de Nathalie, on est allés se jeter quelques verres dans Bouffay.

Dj Duclock : D'où vient le nom du groupe ?

Nathalie : C'est l'anagramme de Yann Savel, comme c'est Yann qui est auteur compositeur... On s'est demandé comment construire un personnage féminin autour de son écriture.

Yann : C'est assez logique vu que c'est moi qui compose les chansons et c'est Nathalie qui interpréte... du coup c'est sympa, même par rapport à ce qui se passe sur scène. Nyna Valès c'est un prénom féminin donc c'est plutôt elle, mais en fond c'est moi qui fait les chansons de manière un peu caché. Moi je suis side man, comme on dit. Du coup il y a une cohérence.

Nathalie : Et puis par rapport à la pochette, Yann me dessine. Le projet à la base c'est ça. Yann dessine son interprète idéal.

Dj Duclock : Nathalie qu'est ce que tu lis en ce moment ?

Nathalie : Oh là là, je sais plus comment ça s'appelle... Je lis un bouquin d'une espagnole qui parle d'une famille sur plusieurs générations. C'est très très poétique. C'est sur une couturière et elle a de génération en génération des fils d'or, des fils de toutes les couleurs. Elle fait des costumes. C'est une copine qui m'a prêté ça...

Yann : Moi, je finis Souvenir de la maison des morts de Dostoievski. Il raconte, c'est pas de la fiction en fait, c'est un documentaire, sur son séjour en Sibérie. Où il devait passer 10 ans, il en a passé 5.

Dj Duclock : J'ai jamais lu Dostoievski, il faut que je m'y mette, par quoi je devrais commencer à ton avis ?

Yann : Faudrait commencer par Crime et Châtiment.

Dj duclock : Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment Nathalie ?

Nathalie : J'ai acheté le dernier album de Camille que j'ai refilé tout de suite à une copine pour qu'elle l'écoute. Ca m'a pas trop plus. Et Erykah Badu.

Dj Duclock : Et toi Yann ?

Yann : J'écoute pas mal de trucs en ce moment. Les sonates en trio de Corelli. J'adore.

Dj Duclock : Moi aussi, le baroque, ça me transporte.

Yann : Plus précisément les sonates d'église da chiesa donc les opus 1 et 3.

Dj duclock : Tu te rapelles par qui c'est joué ? Sur quel label ?

Yann : C'est joué par Tom Koopman, Hopkins... Je l'ai aussi joué par le London Baroque.

Dj Duclock : Quand as-tu été surprise pour la dernière fois ?

Nathalie : Aujourd'hui, avec ce qu'on fait en ce moment. Artiste en scène... Ya des fois ouch ! ça arrive et c'est très agréable. On a commencé. Enfin moi j'ai commencé un peu en me demandant : où je vais trouver les idées ? Faut faire ci, faut faire ça et en fait là, on a des pistes qui sont vraiment intéressantes.

Yann : Moi c'est aujourd'hui aussi. En faisant les chansons y a un habillage sonore différent, ça donne des éclairages nouveaux et puis aussi dans l'interprétation, notamment de Nath, je dois dire.

Nathalie : Oh ! il est chou.

Yann : Non, mais c'est vrai. Dans l'interprétation y a des trucs que j'ai trouvés vraiment cools. Du coup y avait une osmose. Et puis la toute dernière fois c'était avec Jean-Pat. Il est arrivé que cette après midi.

Dj duclock : Ah, le clavier est venu que cette après midi ?

Nathalie : Oui parce qu'en fait on a les deux formules : duo et trio.

Yann : Ouais et avec Jean-Pat on avait fait qu'une répète et ça faisait très longtemps qu'on avait pas répété et finalement il était super concentré, ça sonnait cool et j'étais super étonné.

Dj duclock : Oui, surtout le mot elfique qui était très très bien ré-orchestré. Une question subsidiaire : une chanson, ça se construit comment du début jusqu'à la fin. Je veux dire l'idée, tu la trouves où ? et comment ça finit par arriver sur scène ?

Yann : Oh là là là, là c'est chaud !

Dj Duclock : Je vais prendre un deuxième verre le temps que tu répondes...

Yann : Bon, donc, ça commence souvent, en ce qui me concerne en tout cas, par la mélodie. 95 % des fois c'est à la guitare, mais ça peut être au piano. J'essaie de trouver une autre mélodie correspondante pour faire une autre partie. Parfois je vais chercher dans mes archives... je transpose pour que ça aille bien avec. Une fois que je suis content. En même temps y a un thème et un ton qui commencent à venir au niveau du texte. Je note tout ça et puis après je me colle au texte. Un premier jet pour être un peu satisfait de l'ensemble. Et puis ensuite, le lendemain, je peaufine.

Dj Duclok : Tu as des influences ?

Yann : Les influences, elles sont multiples et variése. Y a les influences musicales, y en a plein...

Dj Duclock : Tu as un style de musique de prédilection ?

Yann : Y a la chanson française, le classique, le jazz, la pop, pleins d'autres styles... et puis au niveau du texte c'est mes lectures. Mais je trouve qu'on croit trop qu'on est influencé, quand on écrit, par les choses qu'on lit. On est un peu influencé bien sûr, mais pas tant que ça. En fait la véritable influence c'est la vie qu'on vit.

Nathalie : C'est peut-être dans la forme que tu es influencé par tes lectures, après les idées, c'est la vie qui te les donne.

Yann : Les influences c'est un peu tout. On est influencé par tout ce qui se passe. Les rapports humains, ça c'est le plus important.

Dj duclock : Donc là tu as la mélodie et la chanson.

Yann : Après je me la joue plein de fois pour la connaître par coeur. Je sais qu'au bout d'un mois je l'aurais oubliée, mais au moins, il y a eu un moment où je la connaissais par coeur. Ensuite sois je me la destine, auquel cas je la garde jalousement, soit je la livre en pâture.

Nathalie : Et là ça peut être radical.

Yann : Et puis ensuite on commence à l'orchestrer, j'ai déjà les idées, après on co-arrange et on la joue en concert. Si on en est content on peut la maquetter et si on a l'opportunité de sortir un titre... on peut la mettre sur le disque. Mais des fois elle est même pas jouée en concert, elle passe directement sur le disque.

Nathalie : Comme le mot elfique par exemple. Là c'est les première fois qu'on la joue en live.

Dj Duclock : Hé bien, elle sonne particulièrement bien cette chanson ! Tout à l'heure tu as parlé de livrer en pâture Yann, et toi Nathalie, là tu sautes sur la chanson.

Nathalie :
Pas toujours, des fois il m'arrive de refuser parce que ça me correspondait pas ou parce que je trouvais que ça ne correspondait pas à ce qu'on était en train de faire. Après concrètement on choisit la tonalité de la chanson. Souvent c'est pas la même donc on la change. Puis on la joue et au bout d'un moment on se dit tiens... plus ce rythme... C'est le rythme qu'on pose en premier et ensuite on va organiser : tiens on pourrait faire ça comme ça et puis voilà. Et après pour l'abum c'est autre chose. Il y a les arrangements pour la scène ; pour l'album c'est encore une autre façon de travailler.

Dj Duclock : En tout cas ça donne une très très belle alchimie.

Bêtement, après mes trois whiskys ingurgités en bonne compagnie dans le bar du Bouffay où s'est réalisé l'interview, j'ai oublié de prendre une photo de Nathalie et Yann. Vous en trouverez - ainsi que quelques morceaux de l'album à écouter - sur le myspace de Ny:na Valès. Notez qu'ils jouent au Violon Dingue le 23 Mai 2008 à partir de 20 h 30.

Acangelo Corelli, Sonata in G Opus 1, avec Tom Koopman, Jap Ter Linden, Alison Bury et Monica Huggett.