Maxime Le Forestier, Polydor, 1973


Une voix immédiatement identifiable, un phrasé aussi, des textes en vrai, avec même des chansons sans refrain, des arrangements qui tiennent au corps, une pointe de jazz pour servir Parlez-moi de saison, une réussite qui quoi que classique sonne très bon. Une complainte pacifiste et beau temps qu'il fait avec les filles avec Entre 14 et 40 ans. Un slove un peu jazzy avec un clavier et des montées aux cuivres, une orchestration lyrique à souhait, Maxime en fait un peu trop et on se demande ce que ça aurait donné s'il était né en mer, ce gamin dont il a bien connu la mère. Et il y a plusieurs chansons où l'on pourra sûrement trouver qu'il en fait un peu trop le Maxime, mais comme c'est juste un peu trop et comme la musique est bonne, il suffit qu'on se décale un peu, il suffit de plonger un peu - on peut aussi boire un verre de bon vin - se laisser aller et là... il se pourrait bien que tout sonne juste. Et puis voilà de l'humour générationnel avec Dialogue, de la chanson politique bien sentie qui reste malheureusement d'actualité. Remarquez, c'est souvent le cas avec les bonnes chansons politiques, elles prennent rarement des rides ou quand elles en ont ce sont de belles rides qui continuent à se battre et on pourra à loisir reprendre en coeur J'm'en fout d'la France (sur des paroles de Mariane Sergent). Le tube de l'album reste Le Steak ou complainte de ceux qui ont le ventre vide considérée comme une gaudriole par ceux qui ont le ventre plein qui vaut à elle seule que l'on se procure l'album et que l'on passe à côté de l'éventuelle non adhésion à disons un ou deux titres un peu faiblards, Mauve (malgré la bonne basse de Caratini) dont l'orchestration est le cul entre deux chaises et le duo d'Autre Dialogue un peu nunuche malgré la chute...

Il y a toute une équipe derrière Le Forestier et quelle équipe : J-L Labro, Alain Le Douarin, Georges Arvanitas notamment au piano électrique très bien senti sur Si tu étais né en mai, Jacques Bedos, Christian Lété, Paul Houdebine à la prise de son de très bonne facture même si ça sature une ou deux fois sur ma déjà vieille paire d'enceintes, Hubert Rostaing aux arrangements et à la direction musicale, J-P Kermoa qui signe les paroles de Février en cet année là, Parlez moi des saisons, Mauve et de Là où (où le violon de Patrice Fontanarosa gratte bien), Elyane Boras en duo sur Autre Dialogue et Patrice Caratini qui prend parfois son archet et arrange sur Mauve. Je me répète un peu, mais à l'heure ou il devient rare d'entendre des chansons chantées, Maxime Le Forestier se pose là.

Le Steak, Maxime Leforestier