Art Ensemble Of Chicago, Certain Blacks, America-Musidisc, 1970 réédité Free America, Universal, 2005.

La musique que nous jouons demande des musiciens très complets. Des musiciens qui puissent jouer du bebop d'une main, du blues de l'autre, ou du classique d'une main, du ragtime de l'autre!
Lester Bowie.

De 1969 à 1972, Pierre "Berjot" Robert produit pour America-Musidisc une quinzaine de vinyles en laissant une totale liberté au musicien et en ne s'occupant que de la logistique. Cette collection, véritable hymne au free jazz sous toutes ses formes qui venait de débarquer à Paris, a été rééditée en 2005 par Universal. On y retrouve Roswell Rudd, Archie Shepp, Dave Burrel, Steve Lacy, Anthony Braxton, Alan Shorter, Frank Wright, Emergency, Paul Bley, Mal Waldron et le Clifford Thornton Quartet. Les disques sont tous réédités avec des jaquettes retravaillées et illustrées par des peintures abstraites de Jérôme Wilz.

Pendant 23 minutes l'Art Ensemble Of Chicago va tourner autour de trois notes et de quelques phrases brandies tour à tour comme un hymne ou ressassées comme une rumeur. Certain Blacks Do What They Wanna (une reprise d'un titre de Chicago Beau) est une manifestation musicale au climat parfois rude et sauvage, un bordel organisé avec ses explosions et ses reprises de souffle. Il se passe là quelque chose de dense. One For Jarman (toujours de Chicago Beau) plus calme nous emmène avec délicatesse quelque part dans les îles puis Bye Bye Baby de Sonny Boy Williamson ramène le jazz au blues de façon magistrale. Et on ressort de là un peu éberlué par toute cette fabuleuse musique foutraque.

Pour cet enregistrement effectué à Paris l'Art Ensemble Of Chicago est composé de Lester Bowie (trumpet), Joseph Jarman (alto tenor & soprano saxophone, vibes, percussions), Edward Mitchell Jr (bass saxophone) qui est en fait Roscoe Mitchell cantonné pour cet album à un seul instrument et Malachi Favors (double bass, percussion). Tous les quatre sont membres fondateurs du groupe. Viennent s'ajouter Chicago Beau (tenor saxophone, piano, harmonica, percussions), Julio Finn le poète harmoniciste et William A. Howell (drums) dont la discographie se réduit à cette seule séance.