Otis Taylor, Double V, Telarc, 2004.
Chaque toune d’Otis Taylor raconte une histoire en quelques phrases qui tournent de manière hypnotique et font écho à ses boucles de guitare, de banjo ou de mandoline. Le plus souvent Taylor cause de sa vie et de ceux qui l’entourent : Mama’s Selling Heroïn, raconte que sa mère a fait un an de prison pour vente d’héroïne. Dans He never Raced On Sunday il revient à l’un de ses dadas : le vélo (Taylor a été manager d’une équipe de course cycliste) pour causer de Major Marshall Taylor, champion du monde en 1901, très croyant il ne voulait pas pédaler le dimanche… Il s’intéresse aussi, sur le même album, à York l’esclave du capitaine Clark (Mandam Woman). Les histoires contées par le gazier sont noires. Cette noirceur et ce désenchantement donnent un ton particulier que l’on pourra rapprocher de celui du roman noir. L’espoir y brille de temps en temps de manière un peu désabusée Hurry Home (ou peu importe demain est un autre jour), Buy Myself some freedom (ou cette fille qui veut une vie plus libre). Et toujours Ron Miles et sa trompette qui balance quelque chose de Miles Davis dans le blues de Monsieur Taylor, mélange de folk, de musique irlandaise et d’Afrique…