Il y a des albums qui fonctionnent dès les premières notes. Les étoiles s'alignent, il se passe quelque chose à chaque titre et l'écoute se fait dans un plaisir continu. Cette alchimie est rare et peut-être passagère ; elle provient autant de l'objet que de l'état d'esprit du moment. Ce phénomène existe avec les livres, les films, un tableau...
J'avais déjà croisé Evergrey lors de mes déambulations musicales. La voix du chanteur et les parties claviers ne m'avaient pas accrocher plus que cela et je n'attendais pas grand chose de Monday Morning Apocalypse puisé dans les rayons disques de la médiathèque Jacques Demy à Nantes. Et pourtant...
Une très légère tendance au rock progressif se dessine dans certaines chansons assurant un équilibre entre évidence et imagination. L'accent est mis sur la construction de morceaux fédérateurs taillés pour la scène. Monday Morning Apocalypse ressemble à un genre de Best-of. Si on sent une unité elle est dans la façon dont le groupe joue, pas dans le concept de l'album (pas sûr d'ailleurs qu'il y ait ici un concept autre que d'enfiler les tubes). Chacun des titres suscite quelque chose que ce soit pour son ambiance, un refrain ou une partie musicale qui ouvre des imaginaires.
Ce sixième album d'Evergrey propose trois quart d'heure de hard rock aux sonorité fin années 90, début 2000. La production signée Sanken Sandquist (Bon Jovi, Rammstein, Def Leppard...) est précise sans tomber dans les excès du "trop compressé". Attention cependant comme tout ce qui est un peu trop sucré (I Should...) le risque d’écœurement n'est jamais loin... et l’idylle peut-être éphémère.
Emeric Cloche.