Linou MajorZéro se souvient de cet air

Linou est connue sous le nom de Linou MajorZéro dans le monde du Jeu de Rôle où elle est présente sur de nombreux fronts : directrice de rédaction pour le label Dirty Clean Crew (sa micro maison d'édition), game designeuse, autrice, scénariste au service de ses propres productions ou en free-lance pour d'autres clients éditeurs. Enfin elle est meuneuse de jeu et anime quelques contenus virtuels sur Twitch ou You Tube (revue de lecture, parties en direct, critiques de jeu...). Aujourd'hui, elle nous livre son souvenir musical... Merci à elle !

 

Linou MajorZéro se souvient de cet air

 

“Fuck you, I won't do what you tell me!”


Cette phrase, crachée à fond dans les enceintes minables de ma Renault 5 depuis une cassette pourrie, m’a mis le feu.
Bien-sûr, beaucoup d’autres chansons séminales ont façonné ma vie, avant et après. Mais putain, celle-ci ! C’est un constituant essentiel de ma personnalité révoltée et têtue.

J’écoutais ce morceau à fond dans l’habitacle, toutes fenêtres ouvertes, en arrivant pour prendre mon boulot de caissière chez Leclerc à la Chapelle en Serval (Oise). Je venais à peine de fêter mes 18 balais et je savais déjà que je serais inadaptée à cette vie de con, qu’elle serait trop longue, que ça serait pénible.
J’ai jamais pu blairer cette petite servitude quotidienne, les ordres de tocards moins compétents que moi, les petits patrons excités, les injustices, les inégalités et les trajectoires merdiques du capitalisme mortifère qui dirige nos vies minables. Pourtant, mon paternel se donnait du mal avec une agressivité toute ridicule, pour m’inculquer la valeur travail et toutes ces conneries.

Spoiler : ça n’a servi à rien. Mon investissement en politique et ma soif de justice sociale ont grandi, toujours dans la même direction. Plus acharnée que jamais, plus inflexible avec les années. Plus cultivée, plus informée, plus difficile à piéger.

Le résultat ? Je suis insupportable. D’autant plus au regard de ce qu’on attend des femmes à cause des stéréotypes de genre.
Têtue, inflexible, j’ai une colonne vertébrale, je refuse de m’associer professionnellement avec des gens qui ne me conviennent pas humainement, je dis non très facilement et j’envoie valser les situations qui ne me vont plus.

Je ne suis pas sûre que ce souvenir soit très intéressant, mais j’ai quand même décidé de choisir celui-là. En effet, pour avoir le temps de finir un manuscrit important et pour me concentrer sur le développement de mon activité d’indépendante, je viens encore d’envoyer chier quelqu’un dans mon boulot salarié !

Et j’écoute ce morceau en boucle en ce moment. Comme quand j’avais 18 ans sur le parking du Leclerc et que, bordel, j’avais peur de rien !

Fuck you, I won't do what you tell me!
Motherfucker!
Ugh!

Linou se souvient de cet air