Du groupe norvégien Solefald, j’avais évidemment écouté le dyptique An Icelandic Odyssey (2005), qui m’avait dans mon souvenir interpellé (puisque présenté comme le virage « viking metal » du groupe) mais qui m’avait aussi laissé un peu dubitatif, j’attendais sans doute autre chose en terme de « viking metal »...
De Solefald je me souviens également du concert de 2016, dans le Temple du Hellfest, concert très plaisant et intéressant vu l’originalité et la richesse du spectacle proposé. (du saxophone et de la « world music » dans le Temple, ce n’est pas si courant…).
Et un peu par hasard, au gré de mes pérégrinations ferroviaires, leur album In Harmonia Universali (2003) m’est tombé dans les oreilles.
Et ce fut loin d’être désagréable.
D’abord une précision : n’essayez pas de catégoriser la musique de Solefald. C’est peut-être du Black Metal (dans les thèmes et dans les voix), peut-être aussi du Viking Metal (les chœurs et un côté épique) , peut-être du Metal progressif (assez inventif, intellectuel et recherché, mais très loin de Dream Theater quand même), d’ailleurs ce n’est peut-être même pas du Metal (un peu trop de piano et de saxo pour ça), va savoir…
Mais en tous cas, cet album m’a plu. Dès le premier morceau (Nutrisco et Extinguo) on comprend à quoi on aura affaire : un départ « médiéval », une voix torturée, des passages épiques, de la voix claire, des cassures de rythme portées par quelques notes de piano, des chœurs « viking », quelques cordes…. On sait tout de suite qu’on va avancer en terres inconnues, et on en a pour plus de 7 minutes…
Le deuxième morceau enfonce le clou : mêler riffs « thrash », orgue et chœurs en prière, fallait oser !
Au troisième morceau Christiania (Edvard Munch Commemoration) , la surprise : en plus le groupe chante (si l’on peut dire) en français ! Le reste de l’album est à l’avenant : on y croise de l’orgue, de la flûte, des sons électros (Red Music Diabolos, un instrumental), des chœurs en prière, des voix et thèmes malsains (Buy My Sperm, ce titre !) un saxophone « ambient » (Dionysify This Night of Spring), une guitare hispanisante (Fraternité de la Grande Lumière), du français, de l’anglais, du norvégien, de l’allemand (Sonnenuntergang im Weltraum), du latin…Bref de quoi y perdre le sien.
Chez Solefald, n’attendez du True quelque chose ou du Real machin, on se promène ici sur des chemins totalement détournés mais manifestement pour qui accepte de s’y perdre, l’expérience peut être très agréable. C’est ce que je vous souhaite.
Benoit Platton
In Harmonia Universali de Solefald