" que la poésie s'adresse à tous
aucun doute
au moins à priori
car aucun doute non plus
qu'elle ne touche pas grand monde
malgré son allégresse
ou sa part de tristesse malgré
notre vie quotidienne qui l'irrigue
et les libertés qu'elle prend
les beaulz soleilz"
C'est un poète Bernard. J'ai lu le premier poème de son recueil e bientôt muet après avoir bu un peu trop de café. Au début ça m'a peu ennuyé. Je m'en fichais des seins de sa copine et de sa chambre à coucher à Bernard. Et soudain une phrase a fonctionné, puis une autre et Bernard m'a parlé. Je connaissais les seins de sa copine, en fait. Et l'armoire de sa chambre à coucher aussi.
Bernard écrit une poésie de l'intime qui ne pourrait regarder et n'être vue que par le poète qui la produit. Mais en partageant son intimité, ses pensées, parsemé de lieux (on voyage des bords de Loire au Bengale) et d'hommage à d'autres poètes (de Gustave Roud à Homère), en passant de l'esprit doux à l'esprit rude (de la rose au rhododendron), les onze poèmes de e bientôt muet promènent et transportent.
"(...)
mais si proche
bien que je n'y comprisse rien
en tout cas
rien de flagrant
sinon cette fougue
amoureuse
(...)"
Ici la poésie répond à la poésie et il vous faudra un peu de bouteille littéraire. La littérature est un parcours, un port qui mène à un autre port menant à une autre ville surplombée d'une autre montagne... à gravir. Tout en restant dans son lit, ce matin, à regarder une armoire ou une "bath slip blanche".
Emeric Cloche