Pour nous autre joueuses et joueurs de Jeu de Rôle le Moyen Âge possède une saveur spéciale et tout ce qui s'y rapporte nous attire. J'ai un exemplaire des Rois maudits de Maurice Druon sur ma table de chevet et j'ai lu Montaillou, village occitan de 1294 à 1324... alors pensez donc, la jaquette de l'album Ordalies réalisée par Hyver Mor m'a tout de suite attiré.
Le premier morceau (De feu et d'acier) annonce la couleur : nous écouterons du black metal traversé par des moments heavy metal et folk ; ce sera épique tout en restant rude. Quelques passages rappelleront les effets chers à Emperor, black metal oblige. Mais la batterie n'est pas toujours en position machine à laver et l'usage de la double pédale n'est pas trop prégnant. Le chant en français donne un côté légèrement punk tout en restant soigné. Étrangement, on pourra aussi penser à Magma même si Véhémence ne flirte pas avec le jazz. Un parfum médiéval se dégage des compositions. C'est du bois, de la pierre et du cuir, pas du carton-pâte.
Les paroles traitent d'un âge guerrier et violent, de la création d'une épée (De feu et d'acier) jusqu'à la bagarre héroïque à un contre mille (Un contre mille) en passant par une surprenante histoire d'amour et de sorcellerie (Le divine sorcellerie). Le goût de l'histoire et du fantastique sont là (Au blason brûlé), sans kitsch ni flonflons.
Après avoir écouté Seth (les morsures du Christ), Diablation (Allégeance) et Silhouette (Les retranchements) force est de constater que le black metal passe bien en langue française et que la scène est foisonnante.
Ordalies, troisième album du groupe risque fort d'asseoir Véhémence au-delà de la sphère black metal. À ranger entre Malicorne et Emperor.
Emeric Cloche
Véhémence, Ordalies, Antiq Records, 2022.