Pierre Lapointe continue d'explorer les terrains de la chanson avec sa voix et son style bien à lui, mais Pour déjouer l'ennui est sûrement son album le plus conventionnel. Tout ici est simple et naïf à l'image de la chanson Pour déjouer l'ennui ; un slow chaloupé à la rythmique façon Roy Orbison du pauvre.
La monotonie flirt avec l'ennuie. La tristesse est édulcorée par l'instrumentation légère (Un cœur qui saigne), les chœurs (Le Monarque des Indes) n'ont pas l'ampleur des chœurs passés. Tout le disque possède le côté lancinant des berceuses, sans en avoir la simplicité, ni les refrains que l'on garde en tête. La chanson Dis moi je ne sais pas résume un peu le sentiment général, elle ressemble à un mix raté entre Henri Salvadore et Bernard Lavilliers. Pour déjouer l'ennui ne remplit pas sa mission. Dommage. On
a connu Pierre Lapointe bien plus inspiré ; reste la beauté qui émane
de chacune des chansons comme un ersatz des albums passés.
Emeric Cloche.
Pierre Lapointe, Pour déjouer l'ennui, Columbia, 2019