Donjons & Dragons, Drôle & Triste

Vanité, Concert au Ferrailleur, Nantes, Emeric Cloche, 2019


L'univers de Donjons & Dragons a un côté à la fois dépressif et lumineux. Le multivers possède une saveur fourre-tout avec un angle de vue qui n'est pas sans rappeler celui du roman noir : la société est un échec. Sauf que là, il ne s'agit pas d'une société industrialisée (même si le plan de Méchanus peut faire songer à une certaine industrialisation ou robotisation du monde).

L'échec se situe plutôt au niveau des guerres incessantes entre les Dieux (qui ressemblent un peu à des joueurs de niveau 20 qui se battent entre eux) et dans l'essence de l'univers qui se déploie en de nombreux plans, avec d'un côté les Abysses (un genre d'entropie d'alignement chaotique mauvais) qui tentent de détruire le monde et de l'autre les Neuf Enfers (le mal avec un alignement loyal mauvais) qui tentent de contrecarrer les démons des Abysses avec ses légions de diables. On peut y voir d'un côté le fascisme ou le totalitarisme (les diables) et de l'autre le nihilisme (les démons).

Donjons & Dragons possède aussi une franche part d'humour (souvent noir) couplée à une thématique récurrente de combat contre la mort (et sa tentative de dépassement) qui est il me semble au centre de pas mal de scénarios (ou tout au moins présente dans beaucoup d'histoires). L'Univers du jeu et son multivers forment un étrange cocktail à la fois triste et drôle. Les joueuses et les joueurs se débattent au milieu de ces éléments plus ou moins marqués suivant la façon de jouer.

Sur la toile : 

Un bout de fil de discussion sur le forum Casus No aborde le sujet, il est à la base de ce petit texte (voir les messages d'Islaire d'Argoth sur cette page).
Les alignements à Donjons & Dragons sur Duclock.

Photo : Vanité, Concert au Ferrailleur, Nantes, Emeric Cloche, 2019