Depuis maintenant deux semaines,
l'album The Domination Chronicles tourne une fois par jour sur la
platine. Les personnes qui ont eu la chance de se rendre au
Muscadeath l'année dernière les ont vus sur scène ; cette
année ils seront au Hellfest sur le Metal Corner. Matt, guitariste
du groupe W.I.L.D a répondu à quelques questions au téléphone.
La musique de W.I.L.D est assez
originale, comment la définissez-vous ?
On a longtemps utilisé l'étiquette
death / thrash. Personnellement je trouve cela assez réducteur, j'ai
l'impression qu'on fait de moins en moins de thrash et qu'on
s'oriente vers quelque chose de plus en plus death metal. Moi, j'aime
le côté progressif même si on est loin de faire ce qu'on appelle
du metal progressif. Mais dans le principe on s'en rapproche avec des
structures qui changent un peu, des passages plus harmonieux, des
passages en son clair...
C'est ça qui est intéressant, le
groupe a une couleur « progressif » mais qui ne se situe
pas dans la lignée habituelle du progressif, que ce soit en death ou
en rock. Vous avez trouvé un chemin que l'on n'a pas l'habitude
d'entendre.
Ça me fait très plaisir parce que
c'est un peu ce que l'on cherche. Je vais parler pour moi parce que
je suis rentré dans le groupe il y a deux ans pour l'album
précédent. Ce qui me plaisait dans ce que le groupe avait fait
c'est qu'il y avait parfois des passages en son clair et des passages
plus progressif. Mais quand j'ai entendu les démos de l'album
Purgatorius que nous venions d'enregistrer, j'ai été un peu déçu.
C'était très virulent et il n'y avait plus ces passages un peu
atmosphériques. On avait pris une direction plus brutale. L'album a
été bien accueilli mais un peu considéré comme un brouillon, ou
comme un premier album, avec un côté très homogène, peu de
respirations et peu d'ouvertures vers d'autres choses. Ce sont toutes
ces choses que nous avons essayé de ramener sur cet album là.
Il y a ce côté original qui joue,
mais il y a aussi la production qui fait qu'on est toujours aux
aguets en écoutant l'album. Vous l'avez enregistré où ?
Comment a-t-il été produit ?
Il a été enregistré chez moi, j'ai
un petit studio d'enregistrement. On a procédé comme le précédent,
on a pris le temps de tout enregistrer ici et d'éditer sur place.
Par contre le mix et le mastering ont été fait en Pologne au Hertz
Studio qui travaille régulièrement avec Vader, Decapitated,
Purgatory... ils ont aussi travaillé avec Behemoth. On avait bossé
le précédent album avec le Dug Out Studio de Daniel Bergstrand qui
est une sommité dans le monde de la production metal, mais on avait
été un peu déçus. La communication avec lui a été limitée au
strict minimum, uniquement par mail. On a voulu aller travailler avec
lui là-bas pour une partie du mix, mais il nous a gentiment éconduit
et nous ne sommes pas hyper ravis du résultat. On voulait éviter de
reproduire cela, et en faisant les recherches de studio on s'est
rendus compte que le Hertz Studio nous plaisait beaucoup, pour ce
qu'il avait fait par le passé. Et puis il correspondait aussi au
niveau des tarifs. Dès les premiers échanges par mail on les a
sentis beaucoup plus ouverts et intéressés. On a eu l'occasion
d'aller travailler quelques jours avec eux pour terminer le mix.
C'était très agréable. Ça donne envie de continuer avec eux pour
la suite.
Le mix est très intéressant, la
stéréo notamment.
Ils ont bien bossé. Ce sont deux
frères. Quand on était avec eux on bossait avec l'un le matin, et
l'autre prenait le relais pour l'après-midi. Je travaille en studio,
je fais du mix et du master et j'ai trouvé cette façon de
travailler assez particulière. Quand on mixe on fait plein de choses
dans son coin, on gère tout un bordel et le fait que quelqu'un
arrive derrière et fasse quelque chose de cohérent, j'ai trouvé
cela impressionnant.
Ils doivent bien se connaître.
Oui je pense. Il n'y a pas eu de
problèmes. C'était très agréable.
Sur l'album les morceaux sont assez
diversifiés mais cela reste très homogène. Si j'ai bien compris il
y a un concept que la pochette illustre plus ou moins. Tu peux nous
en parler ?
Le principe c'est que l'on parle
d'enfermement, de domination sous toutes ses formes. Les titres sont
liés par deux au niveau des textes. On a une situation où, à
chaque fois, c'est le bourreau qui parle et ensuite la victime. On a
la prison, une prise d'otage, la violence conjugale, le rapport entre
un toxicomane et son dealer... on retrouve toujours une histoire
d'enfermement plus ou moins symbolique et un rapport dominant /
dominé assez marqué.
C'est bien ce que j'avais pigé, je
suis content. Cette thématique participe aussi au fait que l'album
devrait marquer quelque chose dans le temps pour les gens qui
prennent la peine de traduire les paroles. Il y a eu un sacré
boulot, aussi, sur les paroles, non ?
Oui, il y a eu pas mal de taf. C'est
toujours compliqué d'ailleurs parce que comme tu le dis on sait que
ça va toucher une portion congrue des gens et que pas grand monde va
s'y intéresser. Mais pour ceux qui le font, on le fait avec plaisir
et on le fait à fond. C'est aussi pour nous, parce qu'on a envie de
faire les choses bien. Mais c'est effectivement toujours un peu
frustrant de travailler dans le moindre détail en se disant que peu
de gens vont s'en rendre compte ou s'y intéresser.
Sur le long terme, avec les personnes
qui écoutent l'album plusieurs fois et qui rentrent dedans, ça
devrait fonctionner.
Tous les albums de W.I.L.D sont des
concepts albums, le chanteur a toujours bossé comme ça.
En terme de date et de concert
qu'avez-vous comme actualité ?
On a eu la chance de jouer en première
partie de S.U.P, Gorod et Psykup qui étaient en tournée, pas mal
d'autres dates sont prévues. Et puis le point d'orgue cette année
ce sera le Hellfest, Jeudi sur le Metal Corner. On a hâte d'y être !
Tu m'étonnes ! Nous aussi.