Anne Bourrel par CdB |
Anne Bourrel écrit pour la poésie, le théâtre et le roman. En fait elle écrit pour tout le monde, enfin, tout le monde devrait au moins avoir lu Gran Madam's. En ce Dimanche Anne se souvient de cet air...
Tu veux que je te dise ? J’ai pas d’air qui me vient en tête. Pas de chanson à laquelle me
raccrocher. Rien à fredonner qui contienne tout un pan de ma vie. Que dalle.
D’accord, je me concentre un peu. T’énerve pas.
J’entends bien des bribes de Brigitte Fontaine et de Ferré, de Katerine, des bouts des
Clash, des restes de Boys don’t cry, Oblivion, des lambeaux de musique, pas mal D’Arienzo
et de Biagi, des violons, tiens. J’aime les violons.
Ouais.
Je sais pas comment on va faire. Je manque de cet air-là dans ma tête, celui que tu me
demandes.
Tu veux que j’accroche ma nostalgie aux cordes d’une guitare, c’est ça ? Tu veux que je
pende ma jeunesse à l’hercule de ta contrebasse ? Que je claque le couvercle du piano
sur toutes mes illusions ? Que je célèbre ma liberté en fanfare ? Tu veux que je saigne les
larmes, c’est ça ?
Rien, je t’dis, rien. Rien qui vient. Du brouhaha de vie vécue.
…
Fais pas la gueule, quoi. Ça va. Je vais te trouver quelque chose. Un truc que je connais
pas, tiens et qui me rappellera toi. Que toi. Pour maintenant et pour toujours. D’accord ?
Allez, on fait ça.