Marché de la Poésie, 2016 ,photo DR |
Thomas Vinau est poète, Thomas Vinau est poète entreprenant. Thomas Vinau est de fait indispensable à la marche du monde. Il nous livre aujourd'hui un de ses souvenirs musicaux.
Faîtes comme si je n'étais pas arrivé
Je suis arrivé. Mais je n'ai pas coupé le moteur. Ne suis pas sorti de la voiture. Pas tout de suite. Je suis arrivé. Parking désert. Lumière brisée sur les trottoirs. Je suis resté assis. J'ai monté le son. Please forgive my heart. Les basses font vibrer la portière. Le soleil cogne contre la vitre. J'ai la joue chaude et les yeux fermés. Faîtes comme si je n'étais pas arrivé. Ces trois minutes, je les vole. Oreilles ouvertes et yeux fermés. Dehors la farce dégringole. Je ferai semblant tout à l'heure. Pour l'instant je ne suis pas là. Tant que le moteur n'est pas coupé et que la portière reste fermée, rien ne commence encore. Rien n'est terminé. Je ferme les yeux. Le soleil me monte sur l'épaule. Le béton du mur devient rose. Bobby Womack demande pardon. Moi je dis merci. Et la roue peut bien continuer de tourner.