Jean Paul Jody est écrivain. Il nous livre ici un article précédemment publié sur son Facebook au sujet de la manifestation qui a eu lieu à Nantes le Samedi 22 Février.
Effaré par les comptes-rendus des médias, France Inter qui tend complaisamment ses micros au Préfet de Nantes, Libération qui, tout en déplorant la fuite de ses lecteurs, se contente de copier-coller des dépêches AFP…
Alors, quelques précisions.
Les manifestants :
Plusieurs dizaines de milliers de personnes, un large spectre, de droite comme de gauche, écologistes, défenseurs des grenouilles et autres campagnols, zadistes traditionnels, hostiles au projet du nouvel aéroport, des favorables aussi mais contre le partenariat public-privé qui coûtera une fortune aux contribuables pendant des années, agriculteurs (plus de 500 tracteurs), opposants à l’omniprésence de Vinci, ou simples déçus par un gouvernement en bout de course. Le tout dans une ambiance de chants et de slogans. Important : beaucoup sont venus en cars (une soixantaine) de tous les coins de France, Tarn, Garonne, Alsace, etc.
Plus quelques énergumènes décidés à en découdre. Des petits groupes. Facilement reconnaissables, ils sont deux à trois cents pas plus. Et non le millier claironné dans les médias.
Le trajet :
Traditionnellement à Nantes, les manifestations empruntent le Cours des cinquante otages, longue et vaste artère centrale dédiée au tramway.
En dernière minute, le Préfet interdira ce parcours et imposera un changement de trajet. Réduits à une courte promenade de moins d’1 kilomètre, et privés du centre de la ville pour se faire entendre, les manifestants, certains venus de très loin comme dit au-dessus, vont en concevoir une légitime frustration. Ce pourquoi ils resteront longuement sur place avant de se disperser.
Les activistes :
Loin du millier annoncé. Deux à trois cents pas plus en regard des 50 000 manifestants pacifiques. Certains très déterminés, facilement repérables, équipés de masques et armés de fusées, projectiles, ils agissent par petits groupes, sur plusieurs fronts, dans l’improvisation du moment et plutôt désorganisés. D’autres moins téméraires, comme ces gamines de quinze ans qui cassent les pavés que leurs petits copains tentent de lancer sur les CRS.
Les CRS :
Longtemps ils se contenteront d’attendre derrière leurs grilles, répondant au canon à eau ou à coup de grenades lacrymogènes. Dans un souci de ne pas envenimer, peut-être. Mais chaque tir de grenades assourdissantes (dont l’usage dangereux est réglementé) déclenche des huées de protestation et galvanise les troupes.
Au vu de leur supériorité en hommes, en matériels, et l’efficacité des grenades lacrymogènes sur des yeux non protégés, il est difficile de comprendre pourquoi les CRS ont attendu plusieurs heures avant de faire dégager les lieux. L’impression dominante est qu’ils laissent durer…
Ainsi vers 18h00, place du Commerce, la population habituelle d’un samedi après midi, beaucoup de personnes qui n’ont rien à voir avec la manifestation. Soudain, lancées de très loin, les grenades lacrymogènes pleuvent alors qu’aucun activiste ne s’y trouve, les rues barrées par les CRS deviennent des pièges, les gens s’enfuient en pleurant, dans la plus grande confusion. La place sera vidée en quelques minutes.
Les responsabilités :
Le maire de Nantes -qui se fait complaisamment interviewer et prendre en photo devant une aubette incendiée (celle où l’on paye les amendes de la TAN, les transports nantais) porte plainte contre x pour les dégradations commises. Soit. Qui casse paye. Mais qu’il aille au bout de sa démarche.
En France, c’est le Préfet qui est en charge du maintien de l’ordre républicain. Responsable du bon déroulé des manifestations, il doit évaluer la situation et apporter une réponse appropriée.
Or pour en découdre, il faut un adversaire. Inutile de se décarcasser à dresser des barricades ou dépaver les rails du tramway si l’on n’a personne sur qui lancer ces pavés. Sans adversaire, pas d’affrontements.
Nul ne peut évidemment prédire comment se serait déroulée la manifestation si elle avait pu emprunter - comme à l’habitude - les vastes étendues du Cours des Cinquante otages. Ou mieux : si la présence policière s’était faite plus discrète.
Mais une chose est certaine, c’est ce barrage ostentatoire et totalement inconsidéré qui a cristallisé les affrontements. Un déploiement excessif de robocops caparaçonnés, de grilles, camions et autres canons à eau… une aubaine pour les activistes ultra. Les premières grenades lacrymogènes ont explosé dès 15h, deux heures seulement après le départ de la manifestation.
Alors,
Soit le Préfet Christian Galliard de Lavernée (au passage Commandeur du Mérite Agricole… les agriculteurs apprécieront), a fait preuve d’incompétence et, pour sa mauvaise gestion du maintien de l’ordre, les dégâts matériels, la mise en danger des forces de polices (huit hommes blessés) et celle des nantais manifestants ou non (nez cassés, doigts arrachés, œil perdu, et dont aucun journaliste ne parle) devrait non seulement rendre des comptes, mais démissionner.
Il trouvera peut-être à se recycler, comme son prédécesseur Bernard Hagelsteen, engagé chez… Vinci.
Soit, en bon serviteur de l’état, il a parfaitement remplit son rôle. De cette manifestation pacifique et bon enfant, rassemblant 50 000 personnes venues de toute la France, l’opinion publique ne retiendra que les destructions par une centaine d’individus.
Mission accomplie.
Jean Paul Jody
En complément voici le Tract du syndicat de la Police Nationale Alliance qui apporte un éclairage sur la stratégie adoptée par le préfet en parlant de "la passivité des ordres reçus".