Tito Topin a créé le personnage de Navarro pour la télévision, il est surtout l'auteur de nombreux romans policiers chez divers éditeurs (Gallimard, Autrement, Denoël, Rivages...). Après Photo Finish, Parfois je me sens comme un enfant sans mère et Des Rats et des hommes, le dernier ouvrage en date Libyan Exodus vient de sortir chez Rivages/Noir. En ce mois de Juin il se souvient de cet air...
Je n'ai pas l'oreille musicale, je confonds Mozart et Dalida, le bêlement de la chèvre et les voix bulgares. De ce fait, je ne retiens que les airs les plus stupides. Grâce au talent de nos musicoteurs, ils ne manquent pas. Celui qui me vient en tête, lorsque je suis d'humeur ensoleillée, c'est un refrain férocement idiot de l'immédiat après-guerre, chanson à la gloire du champignon atomique qui avait mis fin à la boucherie et continuait une belle carrière dans le Pacifique (si bien nommé), sur la petite île de Bikini qui allait donner son nom à une célèbre restriction de tissu estival. Cette couillonnade se dansait comme une marche – on disait alors un paso-doble –, quelques pas en avant, quelques pas en arrière, avec une cavalière qu'on choisissait de préférence légère et sautillante, vous n'allez pas tarder à comprendre pourquoi. Après l'exposition que j'ai oubliée, le refrain démarrait par des paroles scandées, bien détachées, sur le mode crescendo, des paroles inoubliables : Ça - c'est - la - bomb - Aaaaaa --- tomik et sur le "Aaaaaa" on attrapait la fille par la taille et on la lançait en l'air aussi haut que possible. En retombant, les jupes qui se portaient larges à l'époque s'ouvraient en parachute, laissant apercevoir le haut du genou si le lancer avait été assez énergique. Le succès a été tel que cette niaiserie a été reprise par le chanteur judeo-andalou Blond-Blond qui en a fait un petit bijou que je recommande à tous les amateurs de nucléaire : Ça, c'est la bombe atomique – Ce n'est pas du trafic – C'est une chose très magnifique – Ça vient d'Amérique. On notera la puissance de la rime. Je conviens que c'est pour cela que je la retiens encore.