Back In Black... Metal

Le black metal, comme le punk ou le hip hop, est une musique à forte communion. Écouter du black métal va souvent avec s'habiller black métal et penser black métal. C'est une musique très codée qui a eu son heure de gloire dans les années 90.
Ici le tempo est à la fois lent et rapide, la batterie quelque peu épileptique ; les guitares aiguës  passées à la distortion, et les vagues de synthétiseurs posent souvent une ambiance glauque, mélancolique et dépressive sur laquelle le chanteur s'égosille dans les aiguës. Souvent la structure des chansons est élaborée et les changements de rythme sont fréquents. Les racines du black métal plongent dans le hard rock et son berceau se trouve en Norvège. Misanthropie, satanisme, mise en valeur de l'individu, droit du plus fort et nihilisme sont moulinés avec une imagerie moyenâgeuse et épique dans un décor de montagnes, de forêt où c'est tout le temps l'hiver.

Il y aurait peut-être un parallèle à faire entre les "guerres" qui opposèrent certains représentants de la scène black métal en Norvège et en Suéde et les "guerres" qui opposèrent certains rappeurs gangstas. Black metal et gangsta sont considérés comme deux musiques extrêmes quoi que le gangsta ait un retentissement bien plus important en terme d'audience et d'industrie.




Pour ma part je me souviens avoir croisé Burzum, Immortal, Mayhem, Emperor, Darkthrone, Satyricon et Marduk dont il m'est arrivé d'user certains albums. J'avais rangé tout cela dans un coin de ma tête, écoutant de temps en temps The Loss and Curse of the Reverence d'Emperor et Mountains Of Might d'Immortal. Et puis, peut-être que la pluie d'automne y fut pour quelque chose, une légère frénésie de black métal m'a repris, comme peut le faire le jazz ou la musique baroque. Le catalogue est moins large, je me suis donc procuré quelques albums que je ne connaissais pas. Et pour être à peu près sûr de m'y retrouver j'ai tapé dans les années quatre vingt dix.



Dans The Principe Of The Evil Made Flesh la basse est moins atténuée que dans les vieux albums que j'écoutais d'habitude et l'on croise quelques solos de guitare directement branchée sur le heavy metal. Les morceaux avancent à coup de batterie machine à laver en mode essorage. Une ambiance sombre se dégage de l'ensemble et on pourra faire des associations d'idées étranges (Refuse/Resist de Sepultura et The Cure dans The Forest Whispers My Name).


L'un des avantages des musiques extrêmes est de tisser un cocon autour de l'auditeur pour l'emmener planer là où il n'a pas vraiment l'habitude d'aller. The Principe Of The Evil Made Flesh envoie une pulsion, des vagues, comme un brouillard nocturne qui sortirait des enceintes pour envahir le monde. Les vagues se retrouvent peut-être un peu plus puissantes dans les deux albums suivant (Dusk... And Her Embrace et Cruelty And The Beast). Par la suite Cradle Of Filth changera sensiblement de style.




Beaucoup moins pop, moins violent et plus mélancolique, For All Tid de Dimmu Borgir propose un marasme dépressif malmené par quelques mélodies. Les amateurs de romantisme qui suivaient Joy Division, Cure ou Dead Can Dance et qui seraient près à un peu de dépaysement peuvent sortir les mouchoirs.




Comme pour Cradle Of Filth, Dimmu Borgier va ensuite passer (vers le troisième album) à un métal plus gothique, plus haché, plus violent et grandiloquent. Les productions seront beaucoup plus propres et le côté punk ou "fait au fond des bois" se perdra en route. Le groupe perdra aussi ses ambiances mystérieuses et cradingues.
Comme dirait un amateur de métal que je connais, le syndrome André Rieu planera sur les compositions à venir.