"Le pays regorge de talents bloqués derrière le mur de l'argent. Les partants seront remplacés en vingt quatre heures par de meilleurs qu'eux, plus soucieux des autres, plus inventifs, moins addicts au fric, plus loyaux avec leur patrie républicaine."
Dans son introduction Jean Luc Mélenchon explique d'où vient le titre de son livre, avec les yeux braqués vers les révolutions d'Amérique Latine. Il pose les bases d'une "Révolution Citoyenne" laïque et qui travaille à "l'intérêt général". Aux constats de casse sociale, répression, désintérêt du peuple pour la politique (et surtout les politiciens) ayant pour effet une abstention massive... Qu'ils s'en aillent tous ! répond : Constituante...
"(...) les constituants de la révolution citoyenne ne pourraient pas être réélus à l'Assemblée suivante comme ce fût le cas en 1789. Les sortants des précédentes assemblées non plus, cela va de soi, puisqu'il s'agit de réoxgyéner toute la représentation nationale, à droite comme à gauche d'ailleurs."
Puis réappropriation de la politique par le peuple, fin du présidentialisme, réappropriation des médias par les comités de rédactions et les lecteurs, partage des richesses (et de l'argent, en France il y en a...), mise en place de salaire et de revenu maximum (bon sang il faut que j'aille voir Pater). Il propose aussi de sortir du traité de Lisbonne imposé à la France, de suivre un plan (loin des "charlatans du capitalisme vert") de relocalisation de la production agricole et manufacturière, un plan de sortie du nucléaire et l'arrêt du libre échange, l'indépendance vis à vis des USA (vous êtes au courant du projet de marché transatlantique ?).
Mélenchon profite de sa démonstration pour régler quelques comptes et clouer quelques becs au passage et - ne boudons pas notre plaisir - c'est plutôt jouissif. Qu'ils s'en aillent tous ! est l'amorce d'un programme politique de gauche étayé de quelques exemples chiffrés, il se décline parfois parfois sur le ton du pamphlet et fait appel à quelques notions historiques (1789 et notamment le 4 Août, le coup de force de 1958...) et politiques (Condorcet, Saint Juste, l'Esprit des lumières, les révolutions en Amérique Latine...). On est loin des grands messes médiatiques et des faux débats. Et si je comprends ce qu'avance Mélenchon dans la plupart des cas, j'aurais bien aimé plus de précisions en ce qui concerne la partie Faire une autre paix qui est tournée vers la politique internationale. C'est un peu cela le risque de ce genre de bouquin... d'être trop court. Quoi qu'il en soit lire le livre Qu'ils s'en aillent tous ! est plus intéressant que de répéter ce que dit une majorité des médias et des "personnalités" médiatiques...
Jean Luc Mélanchon, Qu'il s'en aillent tous ! Vite, La Révolution Citoyenne, Flammarion, 142 pages, 10 euros.