Nantes, Place Royale, Toma la Plaza.



 Dans la foulée des grands rassemblements qui ont eu lieu en Espagne, le souffle se propage jusqu'en France et il arrive sur Nantes. Le soleil cogne dur place Royale ce lundi à 16h, là où les passants font une pause autour de la fontaine, mangent une glace ou s'installent à la terrasse de la Taverne. Tout va bien. Au milieu de tout ça, une cinquantaine de personnes s'étaient donné rendez-vous. Discussions, organisation. Des Espagnols en minorité, et des gens de tous horizons, qui questionnent, espèrent, désespèrent... mais se parlent et confrontent les envies et les ras-le-bol. Il ne fallait pas s'attendre à plus. Tout commence toujours petit, et les changements, de toute façon, n'arrivent jamais que par une minorité. Comme le disait une femme aujourd'hui, la plus grande réussite de ce système est de nous avoir tous endormis, isolés, tout juste bons à râler sur notre sort, chacun dans son coin. Tout juste bons à déposer un bulletin dans l'urne tous les 4 ans. Indignez-vous ! achètent-ils tous en choeur. L'achat fait du bien. Il n'engage pas à grand chose. Qu'en est-il au moment de passer aux actes ? Que reste-t-il des 700 000 exemplaires vendus ?

Photo : Reyes Sedano

Et après ? Une liste de fournitures, des propositions d'actions, une volonté de rassembler un maximum de monde. Faire circuler l'information, parler les uns avec les autres pour faire émerger une dynamique, signifier à l'ensemble du système en place qu'il est temps que tout cela cesse. Utopie ? Rêve ? Désir d'agir pour ne pas faire que penser. Il est de plus en plus dur de s'extirper de chez soi, de son petit univers où l'on choisit la couleur de la peinture, on s'interroge sur son prochain achat. Le vrai monde est loin. Mais rien n'est incompatible. Nous pouvons tous penser au prochain disque, à la prochaine jupe, au prochain repas, à la prochaine sortie qui nous occupera, et donner un peu de temps à une action significative. La flemme et le découragement sont nos pires ennemis. Vient un moment où la seule question à se poser est celle de la responsabilité que nous portons, face au monde que nous laissons aller où les puissants le veulent. Faut-il vraiment faire la liste de toutes les bonnes raisons qu'il y a de se montrer dans la rue pour réclamer des changements ? Ou bien le français est-il juste capable de se mobiliser contre les radars ? Est-il si compliqué de passer une heure ou deux le soir Place Royale, venir écouter ce qui s'y dit, se faire une opinion et participer à quelque chose de vivant ? Il en sortira ce qu'il en sortira, mais le geste aura été fait, et il ne sera jamais vain. Rendez-vous demain mardi à 18h.