Je me souviens très bien de ma première écoute d'un morceau d'AC/DC, c'était Riff Raff et j'étais quelque peut écrasé par le déluge de décibels. Tout cela me paraissait confus et gueulard. Ma mère m'avait regardé et elle m'avait demandé : "tu aimes cette musique-là ?" et j'avais répondu que oui puisque c'était ce que les copains écoutaient et que l'image de ce gars qui s'enfonçait cette guitare dans le ventre avec le sang qui coulait me plaisait beaucoup.
Aujourd'hui c'est avec le même sentiment que j'écoute Cosmic Trilogy de Guillaume Connesson, je suis un peu écrasé par les claques que l'orchestre - cordes et cuivres - balance comme dans une tempête. Salomé de Strauss m'avait fait cet effet, la musique de Wagner aussi en général, c'est beau et bon, mais quand ça part à fond de train ça fait un peu mal aux oreilles. Il faut un temps d'adaptation, comprendre qui fait quoi, apprendre à identifier les éléments de l'orchestre, se laisser entraîner par la vague. Mettre Cosmic Trilogy sur la platine, c'est un peu comme écouter du John Williams secoué par Schoenberg. Vous voyez cette tempête qui court sur plusieurs chapitres au début de l'Homme qui rit de Victor Hugo ? Hé bien on est un peu là-dedans ; Cosmic Trilogy ne s'apprivoise pas en une seule écoute même si les vagues ou les vents musicaux de Guillaume Connesson sont assez évocateurs, la musique de film n'est pas loin. Dans le petit Concerto (9 minutes) The Shining One, Eric Le Sage bataille sérieusement au milieu de la tempête. Le disque est porté par un souffle que le Royal Scottish Orchestra dirigé par Stéphane Denève entretient avec ferveur. Souvent les disques de musique contemporaine sont difficilement abordables, ces deux compositions de Guillaume Connesson me paraissent une bonne porte pour entrer dans le monde d'un compositeur né en 1970.
Nous sommes là dans une oeuvre que je qualifierais de type symphonique plutôt éloigné de ce que l'on peut croiser sur ce morceau de Techno Parade :
Techno Parade de Guillaume Connesson interprété par Mathieu Dufour, Paul Meyer et Eric Le Sage. Images et réalisation de Stéphan Aubé. (Ce morceau ne figure pas sur l'album dont nous parlons ici).