La maison d'Édition Ecorce, basée dans la Creuse, a publié un premier roman Retour à la nuit dont nous ne serons pas sans reparler dans L'Indic. En attendant voici une petite interview discussion réalisée via internet avec l'auteur Éric Maneval, un auteur de polar qui se pose là.
Dj Duclock : Éric, il m'a été rapporté que tu jouais de la guitare... en refermant Retour à la nuit je me suis dit que ton style se promenait quelque part entre Jim Hall et Jimi Hendrix. Rythmique impeccable, ambiance forte, bien plantée, pas bavard et avec des éclats de style assez fulgurants. Tu écoutes de la musique en écrivant ?
Éric Maneval : Oui je joue de la guitare et de la basse. C'est vrai que certains chapitres, certaines scènes, celles qui s'y prêtent, les nocturnes, les intimes, j'ai essayé de placer les petits paradoxes du récit comme peut-être j'aurais placé des blue-notes ou des effets de manche dans un solo de guitare. J'essaie de voir la comparaison Jim Hall / Jimi Hendrix. Jim Hall pour la petite musique de nuit, avec Jimi Hendrix qui survient comme la violence. C'est un beau compliment. (Indépendamment de l'écriture, je me dis que celui qui pourrait représenter l'équilibre entre les deux guitaristes serait peut-être John Scofield (lorsqu'il est avec Miles Davis, sur l'album Decoy par exemple, dans le son et dans l'intention).
Je n'écoute pas de musique lorsque j'écris. J'en écoute lorsque je corrige de manière à ne pas trop être immergé dans mon petit cinéma intérieur. Plutôt du piano, classique ou Jazz.
Dj Duclock : Ah ben en piano classique on m'a mis Alice Sara Ott dans les mains pas plus tard qu'hier, les valses de Chopin... ça et l'Alexis de Castillon Quintette et Quatuor avec piano opus 1 & 7 par Laurent Martin et le Quatuor Satie en ce moment ça tourne sur la platine... Deux disques dont on ne sera pas sans recauser. Qu'est-ce qui tourne chez toi en ce moment ? Tu peux nous parler de ta dernière découverte musicale ?
Éric Maneval : Ces jours-ci j'écoute des bassistes et des contrebassistes : Marcus Miller, Renaud Garcia-Fons, Jaco Pastorius, Richard Bona et Avishai Cohen. J'essaie de reprendre certains de leurs morceaux. Egalement yatra ta de Tania Maria (que je travaille) et Heart of glass de Blondie, morceau que j'aimerais adapter pour un groupe avec lequel je joue, dans une version lente et bluesy.
Dj Duclock : Renaud Garcia Fons, ça fait un bout de temps que je n'ai pas jeté les oreilles sur ce qu'il faisait. La reprise est un art difficile... Il faut savoir apporter sa patte au morceau. Un groupe comme Nirvana faisait ça très bien par exemple, leur reprise de Love Buzz est assez terrible, celles des Meat Puppets et des Vaselines aussi... on dirait du Nirvana. Tu peux nous parler un peu de ce que tu lis en ce moment ?
Éric Maneval : Actuellement, je lis Le dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig (j'en suis à la lettre C comme Céline dont l'auteur dit qu'il a un style de clochard vindicatif) ainsi que La beauté du crime de Jacques Vergès (intéressant, mais pas vraiment bien écrit). Sinon, pour les polars, je viens de terminer Deuil après deuil de Richard Lortz, un des grands oubliés du noir (avec Andrew Vacchs, ce sont deux écrivains majeurs dont on ne parle jamais). J'ai également terminé Satan dans le désert de Boston Terran (avec un vrai méchant dedans) et l'intéressant Porteurs d'âmes de Pierre Bordages.
Dj Duclock : Richard Lortz... Je notule m'a dit du bien de Crapule qui a été réédité sous le titre Les enfants de Dracula. Revenons un peu à ton bouquin, il sort chez Ecorce, c'est la toute première sortie de cette maison d'édition basée dans la Creuse. Comment ça c'est passé avec ton éditeur ?
Éric Maneval : J'avais commencé à publier les chapitres d'un hypothétique roman sur un forum de polar, feu "Le coin polar". J'ai arrêté en milieu de récit et plus d'une année après, Cyril Herry qui souhaitait lancer sa collection m'a contacté pour savoir où j'en étais, le début du texte lui ayant plu. J'ai terminé une première version qui se déroulait à Marseille. Il m'a invité chez lui quelques jours pour voir si c'était possible de le faire dérouler en Limousin. J'y suis donc allé avec mon fils Victor, on a repéré des lieux. J'ai transcrit le récit en supprimant certaines scènes typiquement Marseillaises, j'y suis retourné en septembre et on a passé de longues heures à réfléchir à toutes les scènes et à supprimer tout ce qui n'était pas utile. On a vraiment travaillé ensemble et c'était très intéressant.
Dj Duclock : Ah ben le résultat est là et il tient la route. Dis moi, il y a de plus en plus de gens qui écrivent sur internet, ce moyen de communication t'a aidé dans l'écriture ?
Éric Maneval : Oui, incontestablement et de toute façon, à part deux éditeurs locaux qui n'ont pas été interessés (par d'autres textes), je n'ai jamais envoyé de manuscrit. J'ai dû publier une vingtaine de nouvelles sur internet qui ont été lues et commentées, tout ceci étant riche d'enseignement. C'est un conseil que je donnerais à tout apprenti écrivain. Je me dis qu'un grand nombre de romans publiés par des "débutants" et pas forcément dans des petites maisons auraient gagné à être préalablement lus, commentés et corrigés par des lecteurs anonymes. Je me souviens que Stéphane Lefebvre a obstinément publié chacun des chapitres de son roman Opale sur le forum Pol'art noir et qu'au final son roman marche très fort.
Dj Duclock : Pour ce qui est de Stéphane Lefebvre, il n'avait pas posté tous les chapitres, mais tout le début de son roman, c'est sûr qu'internet file un coup de fouet pour l'écriture, la toile recèle aussi de nombreux pièges (l'auto-édition notamment...), mais pour ce qui est de Pol'Art Noir Le Forum il a été il me semble comme une "base de lancement" ou de "confirmation" pour des auteurs en devenir. Dernièrement de nouvelles "plumes" s'y sont essayées. J'espère que l'aventure va continuer... Dis-moi Eric, est-ce que tu peux nous conseiller un guitariste à découvrir ?
Eric Maneval : Un électrique : Johnny Hiland, voir sur le net ses vidéos, surtout celle intitulée Chicken Pickin, il a un style époustouflant. Un acoustique : Sebastiao Tapajo qui ne doit plus être très jeune. Sinon, j'aime bien Joe Pass, Billy Gibbons de ZZ top, Hendrix, les manouches, Zappa, j'aime bien aussi Zack Wilde, j'aime tout sauf Eric Clapton que je trouve vraiment, mais alors vraiment surévalué.
Dj Duclock : Une dernière question, Eric, est-ce que tu peux nous raconter la dernière fois où tu as été surpris par quelque chose ? Ta dernière surprise ?
Eric Maneval : Polardeusement, j'ai été assez surpris par le personnage central du polar Le baiser de l'ombre de Paul Colize. Je suis en train de le lire. Ce personnage souffre de trouble de l'érection et c'est surprenant. C'est l'anti "hard boiled".
Johnny Hiland, Chicken Pickin
Dj Duclock : Richard Lortz... Je notule m'a dit du bien de Crapule qui a été réédité sous le titre Les enfants de Dracula. Revenons un peu à ton bouquin, il sort chez Ecorce, c'est la toute première sortie de cette maison d'édition basée dans la Creuse. Comment ça c'est passé avec ton éditeur ?
Éric Maneval : J'avais commencé à publier les chapitres d'un hypothétique roman sur un forum de polar, feu "Le coin polar". J'ai arrêté en milieu de récit et plus d'une année après, Cyril Herry qui souhaitait lancer sa collection m'a contacté pour savoir où j'en étais, le début du texte lui ayant plu. J'ai terminé une première version qui se déroulait à Marseille. Il m'a invité chez lui quelques jours pour voir si c'était possible de le faire dérouler en Limousin. J'y suis donc allé avec mon fils Victor, on a repéré des lieux. J'ai transcrit le récit en supprimant certaines scènes typiquement Marseillaises, j'y suis retourné en septembre et on a passé de longues heures à réfléchir à toutes les scènes et à supprimer tout ce qui n'était pas utile. On a vraiment travaillé ensemble et c'était très intéressant.
Dj Duclock : Ah ben le résultat est là et il tient la route. Dis moi, il y a de plus en plus de gens qui écrivent sur internet, ce moyen de communication t'a aidé dans l'écriture ?
Éric Maneval : Oui, incontestablement et de toute façon, à part deux éditeurs locaux qui n'ont pas été interessés (par d'autres textes), je n'ai jamais envoyé de manuscrit. J'ai dû publier une vingtaine de nouvelles sur internet qui ont été lues et commentées, tout ceci étant riche d'enseignement. C'est un conseil que je donnerais à tout apprenti écrivain. Je me dis qu'un grand nombre de romans publiés par des "débutants" et pas forcément dans des petites maisons auraient gagné à être préalablement lus, commentés et corrigés par des lecteurs anonymes. Je me souviens que Stéphane Lefebvre a obstinément publié chacun des chapitres de son roman Opale sur le forum Pol'art noir et qu'au final son roman marche très fort.
Dj Duclock : Pour ce qui est de Stéphane Lefebvre, il n'avait pas posté tous les chapitres, mais tout le début de son roman, c'est sûr qu'internet file un coup de fouet pour l'écriture, la toile recèle aussi de nombreux pièges (l'auto-édition notamment...), mais pour ce qui est de Pol'Art Noir Le Forum il a été il me semble comme une "base de lancement" ou de "confirmation" pour des auteurs en devenir. Dernièrement de nouvelles "plumes" s'y sont essayées. J'espère que l'aventure va continuer... Dis-moi Eric, est-ce que tu peux nous conseiller un guitariste à découvrir ?
Eric Maneval : Un électrique : Johnny Hiland, voir sur le net ses vidéos, surtout celle intitulée Chicken Pickin, il a un style époustouflant. Un acoustique : Sebastiao Tapajo qui ne doit plus être très jeune. Sinon, j'aime bien Joe Pass, Billy Gibbons de ZZ top, Hendrix, les manouches, Zappa, j'aime bien aussi Zack Wilde, j'aime tout sauf Eric Clapton que je trouve vraiment, mais alors vraiment surévalué.
Dj Duclock : Une dernière question, Eric, est-ce que tu peux nous raconter la dernière fois où tu as été surpris par quelque chose ? Ta dernière surprise ?
Eric Maneval : Polardeusement, j'ai été assez surpris par le personnage central du polar Le baiser de l'ombre de Paul Colize. Je suis en train de le lire. Ce personnage souffre de trouble de l'érection et c'est surprenant. C'est l'anti "hard boiled".
Johnny Hiland, Chicken Pickin