Le langage, l’image et le sens des mots
Précédemment, j'évoquais un fait pointé du doigt par Bourdieu : l'apparence de fiabilité scientifique mise en avant par le pouvoir pour valider ses théories, à travers l'utilisation de toute une ribambelle d'intervenants médiatiques estampillés "experts". Dans le registre de l'image et des faux-semblants, il est intéressant de se pencher sur l'usage des mots et le sens qui leur est donné, qui va souvent à l'encontre de leur définition.
À titre d’exemple, un parmi tout ceux qu’on pourrait relever, Bourdieu décortique ce qu’il appelle la « pensée Tietmeyr » du nom de l'ancien président de la banque d’Allemagne. Les mots utilisés dans certaines interviews, certains discours, certains slogans, ces mots vidés de leur sens, ou au contraire tordu dans un autre, ces phrases qui sonnent rassurantes si l’on ne prête pas garde aux euphémismes qu’elles contiennent, représentent ce qui est martelé quotidiennement et que l’on finit par assimiler très facilement. Y prêter attention demande une vigilance permanente, il est donc bon de se référer à ceux dont c’est le métier, car il est utopique de se croire assez malin pour ne pas se faire avoir par des discours savamment distillés. Pensez, la prochaine fois que vous entendez ou lisez le mot investisseurs, qu'il fut un temps où l'adjectif qui les qualifiait était spéculateurs. Ou comment du sens positif a été injecté dans une pratique économique dans laquelle les détenteurs de capitaux parient sur la chute ou l'essor d'entreprises, selon que celles-ci licencient ou non, soient en grève ou pas, baissent les salaires ou s'installent sur le marché chinois.
En lisant par exemple : « Le salaire octroyé est un indice sans équivoque de la valeur accordée au travail et aux travailleurs correspondants », difficile de ne pas penser à l’image positives, de "gagneurs", qu’ont aujourd’hui les individus qui perçoivent des salaires astronomiques.
Dans le même registre d'idées, on pourra se procurer LQR : la propagande du quotidien d'Eric Hazan chez Raisons d'Agir.
Précédemment, j'évoquais un fait pointé du doigt par Bourdieu : l'apparence de fiabilité scientifique mise en avant par le pouvoir pour valider ses théories, à travers l'utilisation de toute une ribambelle d'intervenants médiatiques estampillés "experts". Dans le registre de l'image et des faux-semblants, il est intéressant de se pencher sur l'usage des mots et le sens qui leur est donné, qui va souvent à l'encontre de leur définition.
À titre d’exemple, un parmi tout ceux qu’on pourrait relever, Bourdieu décortique ce qu’il appelle la « pensée Tietmeyr » du nom de l'ancien président de la banque d’Allemagne. Les mots utilisés dans certaines interviews, certains discours, certains slogans, ces mots vidés de leur sens, ou au contraire tordu dans un autre, ces phrases qui sonnent rassurantes si l’on ne prête pas garde aux euphémismes qu’elles contiennent, représentent ce qui est martelé quotidiennement et que l’on finit par assimiler très facilement. Y prêter attention demande une vigilance permanente, il est donc bon de se référer à ceux dont c’est le métier, car il est utopique de se croire assez malin pour ne pas se faire avoir par des discours savamment distillés. Pensez, la prochaine fois que vous entendez ou lisez le mot investisseurs, qu'il fut un temps où l'adjectif qui les qualifiait était spéculateurs. Ou comment du sens positif a été injecté dans une pratique économique dans laquelle les détenteurs de capitaux parient sur la chute ou l'essor d'entreprises, selon que celles-ci licencient ou non, soient en grève ou pas, baissent les salaires ou s'installent sur le marché chinois.
En lisant par exemple : « Le salaire octroyé est un indice sans équivoque de la valeur accordée au travail et aux travailleurs correspondants », difficile de ne pas penser à l’image positives, de "gagneurs", qu’ont aujourd’hui les individus qui perçoivent des salaires astronomiques.
Dans le même registre d'idées, on pourra se procurer LQR : la propagande du quotidien d'Eric Hazan chez Raisons d'Agir.
Pierre Bourdieu, Contre-feux, Raisons d'agir, 1998, 30 F, 119 p.