Dominique Manotti recommandait ce roman quand je l’ai rencontrée dans une médiathèque de la région nantaise. Puis DOA en a parlé et tout le monde s’est entendu à voir dans La griffe du chien un excellent roman sur le trafic de drogue. Sans doute qu’il n’y en a pas eu beaucoup d’autres ; je ne sais pas, là aucun titre ne me vient en tête.
Mexique, 1975 Opération Condor. Officiellement le Mexique lutte contre la drogue, mais aux manettes c’est la DEA qui rase les champs de pavot. Ce nom Condor est également celui du plan de répression mené par les dictatures d’Amérique du Sud au milieu des années 70. On peut trouver plus de détail sur ces affaires ici, c'est en anglais.
1975, 1984, 1992, 1997 et 2004, entre Mexique, Colombie et Etats-Unis, presque 30 années d’histoire de chasse à l’homme entre un flic américain et un trafiquant colombien. Art Keller, - CIA, Vietnam et DEA - et son alter ego Mexicain, Tío (l'oncle - fini le Parrain) Barrera, flic pourri jusqu’à sa petite moustache. Il va livrer des noms à Keller, heureux de dézinguer des acteurs du trafic de drogue, quand en fait il élimine les concurrents de Barrera, en train d’installer un empire de la drogue. Barrera se révèle un malin, moderne et ambitieux. La production de drogue a fait son temps, il vise le transport.
« À un moment donné, ils se sont véritablement rendu compte que leur véritable produit n’était pas la dope, mais la frontière de trois mille kilomètres qu’ils partagent avec les Etats-Unis et leur capacité à y faire passer leur contrebande. (...) Donc, fondamentalement, la Federación a abandonné la culture de la drogue pour se lancer dans le transport. »
Pendant plus de 30 ans donc, Keller n’aura de cesse de parvenir à anéantir les chefs du trafic. Il y sacrifie tout. Sorte de super-héros de l'obstination, avec ses zones d'ombre, bien sûr. Son personnage réussit à ne pas sombrer dans le trait grossier, mais c'est parfois limite.
Don Winslow met en évidence les ramifications, la corruption à grande échelle, et en même temps les personnalités en jeu, les bandits de petite envergure, les grands caïds mégalos, les connexions avec la mafia et les enjeux américains. Selon qu’on soit déjà plus ou moins au courant de l’hypocrisie de la lutte contre la drogue, on sera plus ou moins surpris par La griffe du chien. L’auteur installe indéniablement un rythme et une ambiance, certaines scènes particulièrement violentes (assassinat d’enfants, viol) collent au propos et soulignent la noirceur de tout ce qui se trame.
Pour le reste, le roman m’a au final paru classique dans cette histoire de traque-vengeance-complot. Les américains luttent en fait contre leur éternel ennemi, le communisme, et non contre la drogue, simple vecteur pour parvenir à leurs fins. On croisera donc les FARC et Monsanto, les uns se fournissant en armes via le trafic de drogue, et la firme répendant ses produits désherbants sur les champs de pavot (sans distinction d’avec les champs de culture agricole).
L’introduction du roman par l’éditeur dit : "La griffe du chien illumine une réalité atroce : la guerre contre la drogue, menée et perdue par les Etats-Unis, entre 1975 et l’an 2000."
Les Etats-Unis ne mènent ici aucune lutte ou guerre contre les narco-trafiquants, on ne peut donc constater aucune défaite, plutôt une tolérance pour servir des intérêts mutuels. La drogue sert à acheter des armes, utilisées par les gauchistes rebelles dont beaucoup aimeraient bien se débarrasser.
À signaler, l’édition de chez Points est truffée d’erreurs dont la plus magistrale, p. 730, où le nom des personnages est interverti.
Quant à dj duclock et ses comparses amateurs de musique, ils ne manqueront pas de relever les chapitres ouverts par des citations musicales allant de Shane McGowan (Thousands are sailing) à Kris Kristoferson (Border lord) en passant par Brian Wilson (California girls).
Mexique, 1975 Opération Condor. Officiellement le Mexique lutte contre la drogue, mais aux manettes c’est la DEA qui rase les champs de pavot. Ce nom Condor est également celui du plan de répression mené par les dictatures d’Amérique du Sud au milieu des années 70. On peut trouver plus de détail sur ces affaires ici, c'est en anglais.
1975, 1984, 1992, 1997 et 2004, entre Mexique, Colombie et Etats-Unis, presque 30 années d’histoire de chasse à l’homme entre un flic américain et un trafiquant colombien. Art Keller, - CIA, Vietnam et DEA - et son alter ego Mexicain, Tío (l'oncle - fini le Parrain) Barrera, flic pourri jusqu’à sa petite moustache. Il va livrer des noms à Keller, heureux de dézinguer des acteurs du trafic de drogue, quand en fait il élimine les concurrents de Barrera, en train d’installer un empire de la drogue. Barrera se révèle un malin, moderne et ambitieux. La production de drogue a fait son temps, il vise le transport.
« À un moment donné, ils se sont véritablement rendu compte que leur véritable produit n’était pas la dope, mais la frontière de trois mille kilomètres qu’ils partagent avec les Etats-Unis et leur capacité à y faire passer leur contrebande. (...) Donc, fondamentalement, la Federación a abandonné la culture de la drogue pour se lancer dans le transport. »
Pendant plus de 30 ans donc, Keller n’aura de cesse de parvenir à anéantir les chefs du trafic. Il y sacrifie tout. Sorte de super-héros de l'obstination, avec ses zones d'ombre, bien sûr. Son personnage réussit à ne pas sombrer dans le trait grossier, mais c'est parfois limite.
Don Winslow met en évidence les ramifications, la corruption à grande échelle, et en même temps les personnalités en jeu, les bandits de petite envergure, les grands caïds mégalos, les connexions avec la mafia et les enjeux américains. Selon qu’on soit déjà plus ou moins au courant de l’hypocrisie de la lutte contre la drogue, on sera plus ou moins surpris par La griffe du chien. L’auteur installe indéniablement un rythme et une ambiance, certaines scènes particulièrement violentes (assassinat d’enfants, viol) collent au propos et soulignent la noirceur de tout ce qui se trame.
Pour le reste, le roman m’a au final paru classique dans cette histoire de traque-vengeance-complot. Les américains luttent en fait contre leur éternel ennemi, le communisme, et non contre la drogue, simple vecteur pour parvenir à leurs fins. On croisera donc les FARC et Monsanto, les uns se fournissant en armes via le trafic de drogue, et la firme répendant ses produits désherbants sur les champs de pavot (sans distinction d’avec les champs de culture agricole).
L’introduction du roman par l’éditeur dit : "La griffe du chien illumine une réalité atroce : la guerre contre la drogue, menée et perdue par les Etats-Unis, entre 1975 et l’an 2000."
Les Etats-Unis ne mènent ici aucune lutte ou guerre contre les narco-trafiquants, on ne peut donc constater aucune défaite, plutôt une tolérance pour servir des intérêts mutuels. La drogue sert à acheter des armes, utilisées par les gauchistes rebelles dont beaucoup aimeraient bien se débarrasser.
À signaler, l’édition de chez Points est truffée d’erreurs dont la plus magistrale, p. 730, où le nom des personnages est interverti.
Quant à dj duclock et ses comparses amateurs de musique, ils ne manqueront pas de relever les chapitres ouverts par des citations musicales allant de Shane McGowan (Thousands are sailing) à Kris Kristoferson (Border lord) en passant par Brian Wilson (California girls).
Don Winslow, La griffe du chien, Points Policier, 2008, 9 euros, 827 p.
The Pogues, A Thousand Are Sailing