Il y a peu, Lire ou encore Le Magazine Littéraire faisaient parler d'eux pour leur dossier "Spécial Polar", marronnier de l'été. On aime on râle, n'empêche ces magazines titrent sur le genre une fois à l'occasion et récoltent échos et lauriers. Pendant ce temps, toute l'année, y'en a des plus petits et des pas distribués en kiosque qui triment, proposent d'excellents articles, et sont moyennement relayés. Exemple du jour : L'Ours Polar, qui dans son numéro 49 publie, en plus d'une interview de Craig Johnson, un entretien avec Hervé Le Corre, qui nous vaut cet excellent et intéressant extrait, écho à certaines pensées, certains constats, ou encore certains vains articles :
"Mais je n'ai pas - plus - envie d'écrire des polars "d'intervention", pour parler comme Manchette je crois, ou de témoignage. Le néo-polar est mort, flingué à bout portant par le même Manchette, qui voyait bien l'impasse de ses proclamations ironiques prises au pied de la lettre par des gus, en France, qui n'étaient ni Hammett ni Mc Coy, par exemple. Maintenant, on peut sourire de ces braves gens qui en ce moment ont l'air de surfer sur un certain apolitisme distant et désabusé, qualifié parfois de nihilisme, en réaction à la politisation gaucharde, certes un peu lourdingue, du polar français, dont la fâcheuse caricature est Le Poulpe. Ça émeut beaucoup le magazine Lire, qui décidément ne sait pas conjuguer son infinitif générique et enfourche le petit vélo de la promo commerciale. On verra si les "hangry young men" ont assez de rage ou s'ils ne se trompent pas de colère. Et dans quel camp ils se rangeront quand ça deviendra vraiment chaud. On verra si le truc n'est qu'un engouement momentané et bien orchestré pour des feux de paille qui brûlent moins qu'ils ne font de fumée, ou s'il produit un renouveau littéraire."
"Mais je n'ai pas - plus - envie d'écrire des polars "d'intervention", pour parler comme Manchette je crois, ou de témoignage. Le néo-polar est mort, flingué à bout portant par le même Manchette, qui voyait bien l'impasse de ses proclamations ironiques prises au pied de la lettre par des gus, en France, qui n'étaient ni Hammett ni Mc Coy, par exemple. Maintenant, on peut sourire de ces braves gens qui en ce moment ont l'air de surfer sur un certain apolitisme distant et désabusé, qualifié parfois de nihilisme, en réaction à la politisation gaucharde, certes un peu lourdingue, du polar français, dont la fâcheuse caricature est Le Poulpe. Ça émeut beaucoup le magazine Lire, qui décidément ne sait pas conjuguer son infinitif générique et enfourche le petit vélo de la promo commerciale. On verra si les "hangry young men" ont assez de rage ou s'ils ne se trompent pas de colère. Et dans quel camp ils se rangeront quand ça deviendra vraiment chaud. On verra si le truc n'est qu'un engouement momentané et bien orchestré pour des feux de paille qui brûlent moins qu'ils ne font de fumée, ou s'il produit un renouveau littéraire."