Oui, À Poil en Civil est un roman complètement barge ; à ce niveau là sa réputation n'est pas fausse. Dans une petite ville paumée des États-Unis, une femme tue son mari apprenti gourou à coup de détergent dans son bol de céréales. Un flic qui carbure à la codéine se tape le coup de foudre avec elle. Les voilà embarqués, sur fond d'une photo compromettante des roubignoles de George Bush, dans un jeu de cache-cache avec deux truands, Tony le camé et Mc Cradle le noir sosie de Dean Martin, amoureux des grosses femmes.
Drogue, système politique, gens de pouvoir corrompus, ça égratigne au passage. L'auteur n'y va pas de main morte avec ses personnages, éclopés de la vie qui continuent de se prendre de grandes baffes. Le rythme est là, à coup de dialogues et d'action menés avec humour et une noirceur glauque réussie (comme dans cette superbe séquence où l'on découvre l'enfance... pittoresque, de Tina). Les personnages de Tina et Manny sont réussis. Dans le style fille paumée et flic camé un peu pourri, ils échappent aux clichés classiques et leur duo est touchant. Mais, pour moi il ressort de l’ensemble un goût de trop. J'ai eu l'impression que l'auteur voulait faire rire à tout prix, tout le temps, en rajoutant sur le côté déjanté. Surdose. La lourdeur finit par transparaître et donne du coup la sensation que l'histoire traîne en longueur. C'est dommage. La matière est là, mais on est loin du subtil équilibre d'un Jim Thompson ou d'un Ned Crabb.
Jerry Stahl, À poil en civil, Rivages/Noir, 2007, 10 euros 40, 349p.
Drogue, système politique, gens de pouvoir corrompus, ça égratigne au passage. L'auteur n'y va pas de main morte avec ses personnages, éclopés de la vie qui continuent de se prendre de grandes baffes. Le rythme est là, à coup de dialogues et d'action menés avec humour et une noirceur glauque réussie (comme dans cette superbe séquence où l'on découvre l'enfance... pittoresque, de Tina). Les personnages de Tina et Manny sont réussis. Dans le style fille paumée et flic camé un peu pourri, ils échappent aux clichés classiques et leur duo est touchant. Mais, pour moi il ressort de l’ensemble un goût de trop. J'ai eu l'impression que l'auteur voulait faire rire à tout prix, tout le temps, en rajoutant sur le côté déjanté. Surdose. La lourdeur finit par transparaître et donne du coup la sensation que l'histoire traîne en longueur. C'est dommage. La matière est là, mais on est loin du subtil équilibre d'un Jim Thompson ou d'un Ned Crabb.