Frank se souvient de cet air...



C'est au tour de Frank de nous emmener du côté de chez Vian...

Il me revient à l’esprit cette cafardeuse fin d’année 1967, où je commençais déjà à m’ennuyer à François 1°. Je bricolais des récepteurs ondes courtes. La finalité n’était pas tant de découvrir l’électronique, que d’arriver à capter la mythique Radio Caroline, qui émettait d’un cargo croisant au large du Havre, dans les eaux internationales.

J’y ai découvert Nights In White Satin (version longue !), Lady Jane, Universal Soldier, Mr Tambourine Man et tant d’autres… que j’enregistrai , via un micro, sur mon premier magnétophone à bande!

J’étouffais dans une famille aimante et ouverte, je n’aspirais qu’à voler de mes propres ailes. C’était un peu tôt, alors du haut de mes 15 ans, je m’évadais en dévorant Vian. Après m’être fait virer d’une librairie où l’on m’avait fait comprendre qu’ici, on ne vendait pas d’auteurs sulfureux, j’en découvrais une qui me permettait de m’alimenter petit à petit. On pouvait aussi y commander des microsillons, et c’est là que j’ai découvert Le Déserteur et la voix de Vian, mélange de joie de vivre, d’espoir et de tristesse.

Le vieux monde commençait à se fissurer, la mort du Che m’interpelait, le printemps 68 se profilait, je voulais avoir le temps de vivre, Juste le temps de vivre. Merci Boris !

Frank
Le Déserteur de Boris Vian
Le Havre, 1967

Retrouvez Juste le temps de vivre dit par Boris Vian sur le site de Vive Voix.

Boris Vian, Le Déserteur